Avec ce drame très provocant et osant aborder des sujets tabous sans fards,Todd Solondz,cinéaste indépendant à la plume chargée,a surpris son monde en 1999.La noirceur irrécupérable de "Happiness" met l'Homme face à ses contradictions,face à ce qu'il ne veut pas voir.La terrible vérité derrière le vernis d'une banlieue proprette du new Jersey.La famille nucléaire en prend pour son grade,et le politiquement incorrect se fait à travers des dialogues épatants de profondeur,contrebalançant en cela une mise en scène très sage.On y parle pédophilie,sexualité enfantine,élans meurtriers et frustrations malsaines avec une frontalité qui dérange,voire qui choque.Solondz va au-delà du démontage en règle habituel.Il semble croire dur comme fer à cette perversité quotidienne,à ce mal-être qui pousse à commettre le pire.Il navigue avec une certaine cohérence à travers un récit choral,incluant sexagénaire sur le retour,vieille fille exploitée,père parfait aux zones d'ombres inimaginables,informaticien aux fantasmes spéciaux et d'autres.Philip Seymour Hoffman,Ben Gazzara,Dylan Baker sont les têtes d'affiche d'un film révoltant par son contenu,ce qui le rend d'autant plus conseillable en dépit d'un pessimisme qui frise le masochisme.