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Julien D
1 212 abonnés
3 461 critiques
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3,5
Publiée le 12 mai 2014
Le titre, qui rappelle celui du film Le plaisir de Max Ophuls, nous annonce une étude du bonheur dans la société actuelle. C’est au contraire de la privation de bonheur qu’il est question. Une privation qui passe par les déboires amoureux des trois sœurs Adams au centre de l’histoire. Joy se faisant quitter dès la scène pré-générique et qui va sombrer dans une sombre dépression pour mieux s’en relever, tandis que Trish ignore (volontairement ou non) les penchants malsains de son mari et qu’Helen recherche à vivre une expérience malsaine qui fasse renaitre son inspiration d’auteure. Mais plus que ces trois femmes aux parcours contradictoires, ce sont tous les autres personnages qui les entourent dans ce film choral qui en font une œuvre provocatrice. Selon la logique du scénario c’est en effet la bien-pensance et les codes sociaux qui poussent les individus, au demeurant les plus respectables, vers une certaine frustration sexuelle et des formes de perversion révoltantes allant du harcèlement téléphonique à la pédophilie et l’inceste. Cette image révoltante de la classe moyenne américaine est un véritable pavé dans la marre lancé par le cinéma indépendant, précurseur d'American Beauty auquel il est souvent comparé, faisant de son réalisateur Todd Solondz un cinéaste prometteur qui malheureusement n’a pas su confirmer son talent dans ses films suivants. Quoi qu’il en soit, Happiness reste un film, certes difficile d’accès du fait de sa narration éclatée et de son rythme lent, mais percutant dans sa façon de mettre en place une réflexion sur des sujets tabous et immoraux.
Dans la lignée de American Beauty mais beaucoup plus atypique et original encore, voici une vraie œuvre forte de ce cinéma indépendant américain auquel Todd Solondz ne cessera d’appartenir quel que soit son succès dans les salles. C’est une fois encore une critique sans complaisance de l’American Way of Life à travers les vies de ces trois sœurs si dissemblables et finalement réunies autour de la même table après bien des expériences douloureuses. À noter que Solondz prend toujours comme cadre d’étude le New Jersey, banlieue résidentielle de la middle-class new-yorkaise dont il est issu et où il est né. C’est bien sûr la sexualité qui est le centre de cette étude, celle des grands solitaires que nous sommes tous, même mariés avec des enfants. La jouissance est tout sauf évidente, comme ne cesse de s’en plaindre le petit garçon tout au long du film… c’est si dur de venir ! Et au centre de tout cela, les trois soeurs qui n’ont rien de Tchekhov : la paumée qui va d’échec en échec, la manifestement heureuse, en fait frigide et qui contribuera à faire de son mari un pédophile, la romancière en panne d’inspiration qui va rechercher une expérience sexuelle glauque pour tenter d’en retrouver un peu… Sans compter l’inhibée tueuse, le pervers du téléphone… Cette étude entomologiste d’une société décadente est fascinante, d’autant plus évidemment qu’elle est sans complaisance comme l’indiquent les précisions biographiques données au début. Ne nous leurrons pas, il n’est pas question ici de s’apitoyer sur les misères d’autrui et encore moins de s’en moquer… c’est bien de nous qu’il s’agit, de chacun de nous pris dans son humanité sèche et sordide et le film agit comme un miroir, d’où le malaise qu’il peut produire sur certaines populations persuadées que « le monstre, c’est l’autre »…
A travers le destin de trois sœurs névrosées, Todd Solondz autrefois chouchou du cinéma indépendant américain nous plonge dans les fantasmes sexuels d’un petit microcosme issu de la middle class de son New Jersey natal. La scène d’ouverture qui précède le générique donne tout de suite la tonalité de ce qui va suivre. Joy la benjamine, jeune trentenaire empruntée est le gentil mouton noir de sa famille sur lequel chacun décharge ses frustrations. Pas étonnant dès lors que Joy ne trouve jamais la bonne distance avec le sexe opposé. C’est dans un restaurant que Solondz nous la présente alors qu’elle est en train de rompre avec son petit ami. Si Solondz présente Joy en préambule de son film c’est sans doute pour nous prévenir qu’elle sera le seul personnage avec lequel il sera en empathie. Joy finalement trop pure n’a pas sa place dans la galerie de personnages horribles que le réalisateur va nous proposer deux heures durant. Par une succession de saynètes provocatrices pour les yeux et les oreilles bien pensantes, Solondz nous immerge dans un univers où le sexe ne peut s’exprimer que par la perversion. Sous l’apparat des professions respectables (psychiatre, écrivain, informaticien) ce sont les pires désaxés sexuels qui sommeillent, du pédophile au harceleur téléphonique en passant par une obèse meurtrière qui ne supporte pas la pénétration ou encore un chauffeur de taxi russe violent qui trompe et bat sa femme sans aucune retenue. L’atmosphère rendue devient vite irrespirable même si de nombreuses scènes nous font sourire malgré le pathétique des situations exposées. Bien sûr le film a choqué notamment à cause de l’évocation de la pédophilie déclarée du psychiatre qui est celui-là même qui est censé prévenir le passage à l’acte chez ses patients. Par cette transgression ultime Solondz remet en cause tout le système de valeurs sur lequel est bâti notre vie en société. Par son film souvent dérangeant le metteur en scène met le doigt là où ça fait mal, montrant que la bien-pensance généralisée oblige une grande majorité à vivre leur pulsions intimes comme un péché contenu qui finira toujours par ressortir à un moment ou à un autre à force de frustration . Celle que l’on croyait la moins adaptée, est en réalité la seule qui ne retenant pas sa vraie nature est la plus en paix avec son moi profond, ses peines venant plutôt des reproches et moqueries des membres de sa fratrie qui se servent d’elle comme d’un repoussoir pour ne pas avoir à regarder au fond d’eux-mêmes. Il n’est pas étonnant qu’avec le propos si dérangeant de ses films, Solondz se soit vite trouvé en manque de financement.
La claque, une bien violente qui te cloue sur place, voilà ce qu'est Happiness, avec le portrait d'une dizaine de personnages tous plus siphonnés les uns que les autres. L'interprétation est proche du presque parfait tout en puissance et en retenue. La banlieue américaine si puritaine et chaste fait face à ses démons dans ce pamphlet anticonformiste. A voir absolument !
Que dire de ce film si ce n'est : voyez-le à tout prix!!!! une satire au vitriol de nos sociétés occidentales modernes, Etats Unis en tête, et de la culture des apparences et de la bien-pensance qui masquent trop souvent vanité et futilité... tourné un peu à la manière d'un soap, le film dérape rapidement et fait voler tous les tabous ainsi que le politiquement correct en eclats! c'est drôle et pathétique, tendre et cruel, mais c'est trash et dérangeant avant tout!! un OFNI qui ne laisse pas de glace... qui certes ne plaira au grand public, mais je le répète, voyez-le
4 708 abonnés
18 103 critiques
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1,0
Publiée le 15 février 2021
Happiness est un drame macabre et inconfortable sur le dysfonctionnement sexuel qui se concentre principalement sur trois personnages. Une femme d'une trentaine d'années qui vit avec ses parents et qui attire un désastre romantique, un employé de bureau qui ne peut pas parler à sa voisine sexy et qui se masturbe tout en passant des coups de fil obscènes et un thérapeute apparemment normal qui convoite les amis pré-pubères de son fils. Oubliez l'étiquette comédie noire je n'ai rien trouvé de drôle dans le film même de loin et en fait l'effet global était complètement déprimant. Parfois le film m'a semblé être un exercice creux pour se complaire dans la misère des personnages. J'imaginais les principaux protagonistes comme des fourmis et le scénariste/réalisateur assis là avec une loupe les faisant brûler. De la fausse musique joyeuse jouée alors qu'un autre personnage est en train de violer une pré-adolescente. Le matériel est trop sérieux pour être traité de façon aussi cavalière. Le film est très bien interprété et il est certainement intéressant mais il ne vaut la peine d'être vu du moins par des gens comme moi...
Avec ce drame très provocant et osant aborder des sujets tabous sans fards,Todd Solondz,cinéaste indépendant à la plume chargée,a surpris son monde en 1999.La noirceur irrécupérable de "Happiness" met l'Homme face à ses contradictions,face à ce qu'il ne veut pas voir.La terrible vérité derrière le vernis d'une banlieue proprette du new Jersey.La famille nucléaire en prend pour son grade,et le politiquement incorrect se fait à travers des dialogues épatants de profondeur,contrebalançant en cela une mise en scène très sage.On y parle pédophilie,sexualité enfantine,élans meurtriers et frustrations malsaines avec une frontalité qui dérange,voire qui choque.Solondz va au-delà du démontage en règle habituel.Il semble croire dur comme fer à cette perversité quotidienne,à ce mal-être qui pousse à commettre le pire.Il navigue avec une certaine cohérence à travers un récit choral,incluant sexagénaire sur le retour,vieille fille exploitée,père parfait aux zones d'ombres inimaginables,informaticien aux fantasmes spéciaux et d'autres.Philip Seymour Hoffman,Ben Gazzara,Dylan Baker sont les têtes d'affiche d'un film révoltant par son contenu,ce qui le rend d'autant plus conseillable en dépit d'un pessimisme qui frise le masochisme.
Beaucoup de mal à mettre une note, car Happiness est un film inclassable. Un film au titre plein d'ironie, tant les personnages dépeints sont des ratés notoires qui loin de dégager de la joie, s'avèrent des êtres sans empathie pour les autres, ni n'en dégageant aucune pour le spectateur. Simplement de pauvres gens, qu'on plaint un moment, avant de parvenir à se reconnaître dans quasiment chacun d'entre eux.
Pathétique, très dur à regarder, déprimant, et à mon avis beaucoup moins drôle que ce que certains en disent, Happiness n'en reste pas moins une oeuvre inclassable et complètement originale, grâce notamment à la psychologie poussée et aux relations entre eux des personnages, parfois totalement vides de sens.
Malsain, déprimant et miroir seraient trois très bons mots pour définir brièvement ce film.
Ce film est une vraie claque !! Dérangeant, pervers et captivant à la fois !! Les personnages sont tour à tour attachants, tordus, drôles... a voir absolument mais pour un public averti car le thème de la pédophilie est très présent et très cru !! Je suis choqué et remué !!
Un film étrange, car le sujet de fond est très intéressant, mais que ce film est long et mou, s'il avait été traité de façon un peu plus vive, il aurait pu être bien meilleur. Ce film est un film à part, mais ça n'en fait pas un film passionnant. Dommage.
Dans le cynisme et l'immoralité, le film va vraiment loin. À tel point que le ressenti est franchement déprimant. Le bonheur est peut-être une illusion mais le tableau dépeint ici est cruel et terrible. Il faut bien dire que de bonheur il est ici question d'amour et l'Homme avec un grand H en prend plein la figure. Pas réjouissant comme tableau.
Super film, une vision caustique et dérangeante de la société américaine actuelle. Le scénario est captivant de bout en bout et très bien ficelé. Tous les acteurs sont excellents. A voir !
Happiness est un bazookage en règle de l'American Dream, peut-être l'un des plus féroces qui existe. Fin, provocant, cruel, émouvant, prenant et drôle - si l'on veut bien en rire -, j'ai adoré.
Film à la limite de la correction. Un scénario qui frôle toujours les extrêmes, des dialogues crus et très acéré sur la vie sociale et familiale en Amérique. Un grand nombre de thèmes tournant autour du sexe sont abordés, des personnages très bien décrits. La réalisation est assez plate et lente. Le côté trash du film vient donc du scénario n’est pas du visuel.