Une fois acceptés le rythme lent et méditatif, les ellipses aussi nombreuses que les nuages dans le ciel du Connemara ,tout le non-dit et le non-montré, l’œuvre se révèle belle, dense voire lourde.
Bien que la tonalité générale soit davantage celle du glas que celle de la fanfare, il arrive que, en filigrane sur la noirceur ambiante, se détachent des notes plus légères, presque gaies - bien que chez ces gens-là, les sourires soient des plus rares et que, si on ne voit jamais de larmes, la douleur intérieure soit omniprésente.
Deux êtres blessés, porteurs de souffrances obscures mais fortes, se rencontrent, se côtoient, s'aiment finalement sans jamais qu'ils ne puissent se rencontrer vraiment, tant la distance entre eux est astronomiquement grande.
L'âge, le sexe, les vécus, les attentes, les espoirs -tant de choses les séparent, et s'ils finissent par se trouver, c'est avec une brièveté fulgurante et trouble, un infime instant de lumière et d'oubli.
Film sans aucune concession, d'une grande beauté formelle, plein de ce calme qui sent la mort, la fin, l'ultime dissolution. Deux personnages, lourds de leur vie dont on ne sait rien mais que l'on sent peser sur leur présent, les privant d'avenir.
Simple, triste et beau comme un jour de pluie sur la lande irlandaise.