"Le dernier rempart" de Jee-Woon Kim venu vendre son âme au pays de l’Oncle Sam est une honnête série B rondement menée qui voit le retour d’Arnold Schwarzenegger en tête d’affiche. En effet, libéré de son poste de gouverneur de Californie, quoi de mieux pour remettre en selle l’ancien culturiste autrichien que ce long métrage qui n’a nulle autre prétention que de divertir ? Et pour marquer ce retour, on aurait pu s’attendre à un casting bien plus musclé, du genre de celui qu’on a vu dans la franchise "Expendables : unité spéciale". Eh bien ce n’est pas le cas. Une question de budget ? Allez savoir… Cette production a pourtant bénéficié d’un budget de 50 millions de dollars. Toujours est-il que nous avons droit à quelques noms bien connus comme Forest Whitaker, Luis Guzman et Peter Stormare. Pour autant, dans la distribution figurent quelques têtes inconnues, comme pour illustrer au mieux la vie tranquille et anonyme d’une petite ville située à proximité immédiate de la frontière mexicaine. Curieusement, l’intrigue prend comme qui dirait un air de la série "L’agence tous risques" : les héros s’unissent et tendent un piège avec les moyens du bord pour tenter de calmer de façon définitive les desseins des méchants ; et l’un de ces héros, Johnny Knoxville, fait penser étrangement à Looping. Sauf que comparé à la série que je viens de citer, dans laquelle aucune mort violente n’était à déplorer, ici c’est tout le contraire. Mais alors "Le dernier rempart" serait-il un clin d’œil ou une petite parodie des films ou séries d’action des années 80/90 ? Ma foi, j’hésite à m’engager dans l’affirmative ou la négative, mais le fait est que très tôt la première incohérence survient : quand on transfère un détenu aussi dangereux
que le descendant de Pablo Escobar (3ème génération)
, ne prévoit-on pas un itinéraire sans arrêt ? Bon, allez on ne va pas bouder notre plaisir de voir une évasion spectaculaire, spectaculaire par son côté inédit et des moyens mis en place, qu’ils soient gros… ou petits mais incroyablement futés par la multiplication des leurres. Parce que finalement, cette évasion est tout bonnement inédite et remarquable par son audace. Malgré quelques scènes spectaculaires,
en particulier concernant le forcement d’un barrage,
il ne faut pas attendre de grandes surprises. Le tout se révèle même assez convenu, sans parler des ficelles utilisées assez grosses auxquelles on peut rajouter pas mal d'incohérences
(La Corvette n'est pas cabossée par sa rencontre avec le SWAT, ne portant que la marque du pneu)
et du fait qu’on sait d’avance comment tout cela va se terminer. Mais en dépit d’un Arnold Schwarzenegger vieilli (il le reconnait lui-même dans le film) et fatalement ramolli, surtout après toutes ces années passées en politique, ça fonctionne un minimum (et ce n’est pas grâce à la musique car elle passe totalement inaperçue), notamment grâce à quelques bonnes idées
(par exemple la fin de la course poursuite avec l'hélicoptère)
et à Johnny Knoxville qui apporte un peu de fun par la psychologie quelque peu déjantée de son personnage. Malgré tout, le film aurait mieux fonctionné si davantage de soin avait été apporté au doublage pour la version française. Parce que concernant ce point précis, c’est incroyablement mauvais, notamment en ce qui concerne ce bon vieux Arnold à qui trop de répliques ont été empreintes sous la tonalité spécifique à Terminator. Si encore c’était tout ! Peter Stormare hérite de la voix française de Bruce Willis, dont la façon de s’exprimer n’est pas toujours adéquate, au point de franchir parfois la limite du ridicule ! Donc je réitère ma question : "Le dernier rempart" est-il un simple clin d’œil aux séries ou films d’action des années 80/90, ou simplement une gentillette parodie ? Dans l’affirmative, c’est relativement réussi par l’atteinte du ridicule. Dans le cas contraire, il n’y a guère que Johnny Knoxville qui parvient à tirer son épingle du jeu, tant et si bien qu’on se prend à regretter de ne pas le voir plus souvent. Quand bien même, il nous gratifie d’une scène mémorable
avec son poteau électrique
. Alors outre le plaisir non feint de retrouver ce bon vieux Schwarzy sur le devant de la scène face à un méchant aussi calme que dangereux (Eduardo Noriega), mieux vaut regarder ce long métrage dans sa version originale pour se faire une idée plus précise et déterminer avec exactitude si le doublage français a respecté ou non l'état d'esprit du produit original.