De Kim Jee-Woon, je ne connais que « Le bon, la brute et le cinglé » que j'ai vu à sa sortie en salles il y a quelques années. Le nom m'avait interpellé, comme tout grand fan de la trilogie du dollar qui se respecte, ce qui m'a poussé à le visionner, non sans plaisir.
En effet, l'histoire loufoque et pétaradante dans laquelle les conflits se règlent à coups de fusils à canon-scié était plaisante, et une certaine « folie » ambiante faisait apportait au film son originalité, mais constituait aussi son défaut majeur. Cette démesure, ce ballet incessant de coups de feu et de courses poursuites épileptiques avait fini par me donner le mal de crâne.
Sur ce postulat, je m'étais dit que « le dernier rempart », qui marque le grand retour du « Governator » Schwarzenneger à l'écran dans un rôle principal serait un divertissement honnête, sans plus.
En effet, le synopsis est de facture classique : Après une riche carrière menée du côté de Los Angeles, Ray Owens (Arnold Schwarzenneger) trouve en Summerton Junction le bled idéal pour terminer tranquillement sa carrière, avec l'insigne de Shériff épinglée sur le blouson. Malheureusement, à une centaine de kilomètres de là, Gabriel Cortez (Eduardo Noriega), baron mexicain de la drogue s'échappe alors qu'il est mené par l'agent spécial du FBI John Bannister (Forest Whitaker) au couloir de la mort.. Dès lors, le « bad-guy » tente de rallier le Mexique à bord d'un bolide (sans faire un seul plein à 400km/h, sûrement de la Super Sans Plomb excellium), et n'a pour seule option pour passer la frontière mexicaine que de traverser la bourgade de Schwarzy. Dès lors, l'affrontement paraît inévitable.
Malgré cette banalité d'écriture propre à 90 % des films d'actions américains des années 2000, Le Dernier Rempart présente des qualités qui sauront faire passer un très bon moment à bon nombre de spectateurs.
Tout d'abord, le réalisateur filme avec talent, chose déjà remarquée sur « Le bon, la brute et le cinglé ». Que ce soit lors des scènes relativement calmes du début, les plans présentant la course effrénée du bolide sur l'asphalte, les collisions de véhicules où les fusillades musclées, tout est maîtrisé de belle façon. Toutefois, certains seront réfractaires à cette tendance « clippesque » de filmer la Corvette ZR1 lancée à toute allure, qui rappelle dans son exécution le regretté Tony Scott. Malgré tout, les plans plus « posés » mettent bien en valeur Schwarzy, et de façon générale, l'atmosphère ambiante issue des images est vraiment immersive.
La responsable du casting a globalement fait du bon travail, puisque la grande majorité des acteurs sont crédibles, même si certains surjouent un peu (notamment Peter Stormare alias John Abruzzi dans Prison Break). Ici, les méchants sont super-méchants et les gentils parfois super-stupides, à l'image de Johnny Knoxville, dont la composition paraît plus vraie que nature. Ce côté exagéré dans les prestations donne à l'ensemble un côté second degré très plaisant. Des figures connues complètent la galerie, comme Luis Guzman. Arnie et Forrest Whitaker se taillent la part du Lion, et font le métier, avec une petite mention pour le premier cité, qui malgré son âge tient clairement la forme et ne manque pas de charisme.
Du coup, les scènes d'actions sont très bien exécutées, et sont clairement jouissives ! Elles sont de plus très variées : que ce soit l'évasion de Cortez, les fusillades entre les forces de l'ordre et ses hommes de main, les cascades en voiture, ou les affrontements dans Summerton. Elles sont toutes réussies, et parfois réellement jubilatoires. Tout l'arsenal typique des films d'actions « old-school » y passe : que ce soient les M-16, les snipers, les lances roquettes, ou même la gatling de la seconde guerre mondiale (magnifique clin d'oeil à Terminator 2 soit dit en passant), tous participent au déluge de feu qui s'abat sur la bourgade tranquille!
Ces scènes alternent entre la tension et l'humour, qui est lui aussi omniprésent. En effet, Johnny Knoxville y est pour beaucoup, avec son rôle d'attardé déjanté, et certaines répliques assénées au bon moment jouent bien leur rôle.
L'hémoglobine est omniprésente, et certaines scènes qui dans d'autres films pourraient être catégorisées comme « gore » déclenchent ici des rires aux éclats.
Le Dernier Rempart présente néanmoins quelques faiblesses : une fin conventionnelle, des situations « déjà vues », un scénario moins épais qu'une feuille de tabac à rouler, et des personnages vraiment caricaturaux. Ces éléments tendent à atténuer le plaisir global que procure le film, mais celui ci reste toutefois assez élevé.
Appuyé par une bande son efficace, filmé par une caméra inspirée, et incarné par un Schwarzy qui force l'admiration, à 65 ans passés, le Dernier Rempart constitue tout de même une excellente surprise. Il remplit parfaitement son rôle de film d'action musclé sans paraît creux et vain. Les éléments s'imbriquent parfaitement pour faire monter crescendo la tension. En ce sens, il rappelle dans son architecture les films d'actions « old-school » des années 80-90 qui en plus de nous divertir, savaient également nous tenir en haleine et nous faire rire. Et rien que pour ça, cela vaut la peine de faire le déplacement au cinéma.