Les grands cinéastes coréens semblent bien décidés à s’essayer à Hollywood ! C’est notamment le cas de Bon Jooh-ho avec « Le transpercneige », Park Chan-wook avec « Stoker » ou encore Kim Jen-woon et « Le dernier rempart ». Ce phénomène intrigue et crée aussi l’angoisse. Kim Jen-woon le prouve malheureusement avec « Le dernier Rampart », ce film d’action mou du ventre qui était censé être le grand come-back de Schwarzenegger en tête d’affiche. On est loin, très loin de l’excellent « bon la brute et le cinglé », de son audace et de sa fraicheur. Kim Jen-woon semble ici jouer avec des instruments qu’il ne maîtrise pas. Il tente bêtement d’appliquer les codes du film d’action à sa vision résolument asiatique du cinéma. Le pire, c’est qu’il parvient à être « 100% Americanos » dans sa réalisation… mais là est le problème car il transforme son film en un produit fade et indigne de son talent, de sa créativité et de sa patte folle ! Ce film aurait très bien pu être réalisé par un inconnu de séries B, on n’aurait pas vu la différence tant il est banal, insignifiant et peu original. Comme quoi la conversation vers l’eldorado du cinéma et du fric ne réussit pas toujours. Pas souvent même. Enfin bon, parlons du film en lui-même… Il est à l’image de son acteur principal, c'est-à-dire rudimentaire et ultra-classique. Le scénario est tellement convenu que Steven Seagal lui-même n’en voudrait pas. Le vieux sheriff retiré du combat, le gros vilain dealer de drogue qui échappe aux mains des Fbi, le paisible village à la frontière mexicaine qui se voit menacée de destruction … et le dit-shérif qui va devoir tout sauver en faisant tout péter. Cette intrigue est une blague et cumule les stéréotypes des mauvais films d’actions. Il s’agit en fait d’une comédie tellement tout est formaté et convenu, des personnages aux scènes d’actions et en passant par les rebondissements aussi légers qu’une poignée de pachydermes. On se surprend alors à rire des passages les plus sérieux, qui ne sont qu’un ramassis de patriotisme malhabile (alors que le réalisateur est coréen, le comble). Anorld tire la langue du début à la fin, trainant son corps encore massif mais fatigué d’un champ de bataille à l’autre. Certes il est classe et impose le respect mais son jeu d’acteur est minable, comme souvent. Il délivre une auto-caricature ronflante et très comique de sa longue carrière en dent de scie. Il s’agit toutefois d’un intouchable du cinéma d’action, je le conçois, qui recycle obstinément son rôle de terminator et s’amuse à jouer les gros durs, même à 60 piges passées. Ses répliques sont souvent à pouffer de rire (« je suis le sheriff ») et son inexpressivité et impassibilité sans faille font finalement de lui quelqu’un d’attachant, de médiocrement jouissif. Notre bon vieux Schwarzy quoi, un anti-acteur sympathique et qu’on est heureux de revoir fouler les plateaux de cinéma ! Les autres personnages sont tous très caricaturaux : le crétin de base (Johnny Knoxville), le flic mexicain couillon mais brave (Luis Guzman), la bonnasse (Jaimie Alexander), le patron hypernerveux du FBI (Forest Whitaker) ou encore le méchant crétin et sans morale (Peter Stormare, doublé par la géinale VF de Bruce Willis – ce qui est aussi hilarant que déstabilisant-). Pour le reste, on a le droit à des scènes de bagarres de seconde zone, bien instrumentées mais jamais très passionnante (pourtant les moyens étaient là). On comprend pourquoi le film a été un gros bide. « Le Dernier Rempart » est un navet réjouissant mais un film rasoir et aux très piètres qualités, qui vous divertira tout au plus. Schwarzenegger est de retour, mais ses séries B le sont avec lui !