Après s'être battu pour l'acquisition du droit de vote pour les noirs, le docteur Martin Luther King menait le mouvement de lutte pour faire respecter ces mêmes droits encore bafoués dans les régions les plus butées d'Amérique du sud. Suite à des actes de violences extrêmes, c'est dans la petite ville de Selma que King lance sa campagne.
Qu'entends-je ? Vous hésitez à poursuivre la lecture de ma chronique car vous en avez marre des biopics ? Y en a-t-il eu tant que ça ces derniers temps pour que vous, petits râleurs, puissiez-vous sentir une indigestion prononcée ?
En faisant un rapide retour en arrière sur le petit monde, toujours plus complet, du biopic marquant, on a eu droit ces douze derniers mois à William Turing (Imitation game), Walter Keane (Big eyes), Louis "Louie" Zamperini (Invincible), Paolo Pasolini (Pasolini), J.M.W Turner (Mr Turner), Lech Valesa (L'homme du peuple), James Brown (Get on up), Yves Saint Laurent (Saint Laurent), le groupe "The Four Seasons" (Jersey boys), Grace Kelly (Grace de Monaco) ou encore P.L. Travers (Dans l'ombre de Mary).
Eh bien, le moins qu'on puisse dire, c'est que ce genre de film n'est pas en manque, je vous l'accorde. Mais peut-on pour autant ranger ce genre au placard ? En vérité, on peut facilement repérer les bons plans thune des producteurs à dents de requin de ceux qui valent le détour. Pourquoi pas d'ailleurs les deux à la fois. Mais que l'on y accroche ou pas, il est clair que le vécu de la personne sujette dirigera pour une grande part l'œuvre vers un regard empreint de curiosité ou dans la passion franche. Fort heureusement, certains de ces films parviennent à un savant mélange entre les deux et c'est justement de l'un d'entre eux qu'il est ici question.
Comme dans la plupart des biopics, il est ici question d'un homme bien connu de tous mais l'histoire de cette lutte compliquée pour une cause juste valait bien la peine qu'on l'adapte au cinéma. Ce grand homme qui a eu un impact marquant sur le droit civique des noirs n'avait en fait pas vraiment eu son film jusqu'à présent (du moins je n'en ai pas trouvé), et quel film voilà ! D'une réalisation assez classique, cette œuvre parvient néanmoins à jongler avec brio entre des sentiments forts, alternant sa part de drame avec son lot de convictions Selma nous plonge au cœur de cette lutte avec une véritable empathie pour son leader. L'aspect humain est en effet ici très bien appréhendé et l'on découvrira l'homme sous ses différentes facettes, tantôt leader, tantôt mari, palpant ses peurs et ses doutes. Mais ce film ne commet pas l'erreur de se focaliser exclusivement sur son personnage principal, apportant son lot de personnages récurrents importants comme secondaires tout en leur découvrant juste ce qu'il faut pour les rendre crédibles et attachants. On sent là un réel travail de recherche de fond sur les évènements historiques liés et le film gagne le petit plus qui le démarquera d'autres productions plus banales. Pour ce qui est de l'aspect historique, le film ne laisse pas ses spectateurs oublier que ce n'est pas juste un film mais bien un biopic, affichant de temps à autres à l'écran des indications consignées par le FBI, ce qui, même si cet effet est simple et déjà vu tant de fois, rajoute encore au petit plus du film.
Pour clore cette chronique, je dirais que l'acteur David Oyelowo, que l'on a pu voir récemment dans Interstellar, moins marquant alors, m'a vraiment convaincu cette fois et que j'aimerais revoir dans d'autres films pour mieux l'observer.
Selma, vous l'aurez compris, est un film de qualité assez passionnant qui fait partie de la catégorie des biopics intéressants et que je recommande donc de voir au moins une fois, ne serait-ce que pour découvrir les événements invraisemblables qui ont eu lieu à l'époque.