N’exagérons pas : contrairement à ce qui a été parfois écrit, "Pianomania" n’est pas haletant comme un thriller, et Stefan Knüpfer, son héros, n’est pas un Indiana Jones de la musique. C’est "simplement" un accordeur de pianos Steinway qui, à l’occasion de concerts ou de sessions d’enregistrement, devient le partenaire privilégié de quelques uns des plus grands pianistes du monde. Tout n’est pas passionnant dans ce film. L’exploration des sous-sols du Konzerthaus de Vienne afin de dénicher le siège idéal pour Lang Lang est oubliable. Seule est vraiment approfondie la relation, sur toute une année, entre Knüpfer et Pierre-Laurent Aimard, à l’occasion de l’enregistrement de l’Art de la fugue de Bach. Et là, effectivement, on est impressionné par le niveau d’exigence de l’artiste, auquel répondent la patience, l’inventivité et la compétence de l’accordeur, jamais à cours de solutions plus ou moins bricolées pour approcher toujours plus près la perfection demandée. Remarquons que ce "duel" en génère un autre, entre nous, spectateurs, et la bande-son du film. Car celle-ci, aussi soignée soit-elle, peine évidemment à rendre dans toute leur complexité le son d’un Steinway poussé à la limite de ses possibilités et l’acoustique d’une salle de concert. Aussi les protagonistes à l’écran parlent-ils souvent de subtilités sonores que nous sommes bien en peine d’entendre. Expérience parfois frustrante – peut-être parce que, s’il est difficile de produire un son parfait, il n'est pas facile non plus de l’entendre.