Tout comme Martin Scorsese ou Woody Allen, Joe Wright est un cinéaste qui aime s'entourer des mêmes acteurs. Après avoir dirigé à trois reprises Keira Knightley - Reviens moi, Orgueil et préjugés, la série de publicités Channel - il a renoué avec son égérie depuis via une nouvelle adaptation d'Anna Karénine. Parmi ses fidèles, il y a également Tom Hollander et la jeune Saoirse Ronan qui était dans le casting de Reviens moi. Révélation du Lovely bones de Peter Jackson, l'actrice irlandaise obtient ici le rôle principal d'Hanna, une adolescente au mode de vie unique en son genre. Elevée par un ancien agent de la C.I.A., la jeune fille a développé très tôt des aptitudes au combat, une maîtrise parfaite des armes et peut survivre dans n'importe quelle condition.
Retirée dans un abri de fortune en montagne, Hanna décide de retrouver la civilisation et part en quête de Marissa, un contact que lui a transmis Erik, son père
. Largement influencé par les séries-tv Dark Angel et Alias, Hanna est un thriller ambitieux qui nourrit ses scènes d'action musclées avec un parcours initiatique que le spectateur observe avec un intérêt certain.
Capable de mettre hors d'état de nuire une bande de dangereux mercenaires, l'adolescente évolue en marge de la société et va découvrir au contact de Sophie et de sa famille les fondements d'une vie normale. Télévision, premiers émois amoureux, amitié, musique vont venir s'entrechoquer dans la tête de l'héroïne et provoquer chez elle un questionnement naturel sur ses origines.
Tandis qu'elle s'évertue à retrouver la trace de son père, Hanna va découvrir que sa vie est menacée et qu'un terrible secret lie les différents protagonistes de l'histoire. Signe de l'influence croissante des séries-tv dans le cinéma,
Hanna évoque également Kyle XY dans le sens où Hanna, comme Kyle, découvre avec émotion et parfois effroi des sentiments ou des règles de savoir-vivre qui sont élémentaires pour tout un chacun.
Le long-métrage ne séduit pas seulement par cette superposition mais également par le rythme que Joe Wright impose à son histoire, une énergie que la bande-son très électro met largement en valeur. Tous ces éléments se fondent dans une ambiance singulière où cohabitent étrangement gravité et légèreté, innocence et brutalité, une dualité permanente qui fait le charme de ce long-métrage quelque peu boudé dans nos contrées. Du fait de son esthétisme particulier, des relations complexes entre les différents protagonistes, Hanna nécessitait un casting hétéroclite mais suffisamment homogène pour camper ce spectre inédit. Toujours autant à l'aise dans les rôles d'adolescentes marginalisées, Saoirse Ronan est impeccable, crédible physiquement et confirme sans mal son statut d'étoile montante. Pour lui donner la réplique, Joe Wright a misé sur quelques valeurs sûres comme Eric Bana (Hors du temps, Munich), Cate Blanchett (Intuitions, Robin des Bois) ou Tom Hollander (Le soliste) qui incarne un tueur décadent bien allumé. Dans les seconds rôles, il faut également mentionner Jessica Barden que l'on avait découvert dans Tamara Drewe en fan déjantée d'une star du rock. Intelligent dans sa construction, savamment dosé en humour et en action, Hanna ne souffre d'aucun temps mort et réussit sans mal le pari de couler un thriller musclé dans un écrin psychologique du plus bel effet