Film ancien et peu connu dans le genre monstre géant, voilà donc Béhémot le monstre des mers.
C’est l’un des premiers films de Douglas Hickox, futur réalisateur de Brannigan, et qui comme beaucoup de métrage de la période s’attaque au problème nucléaire.
Coté casting, essentiellement des acteurs d’un autre âge, qui n’ont pas beaucoup marqués leur époque, bien que certains aient tenu des rôles dans des classiques, à l’image d’André Morell, ou Jack MacGowran. Globalement les acteurs ne marquent guère. Il faut dire qu’ils n’ont pas grand-chose à faire, car le film enchaine les dialogues, et si tous ne sont pas inintéressants (et pas si bête car l’on sent une volonté de bâtir une hypothèse scientifique crédible), ils sont assez plats, linéaires, didactiques, et finalement ils rendent les acteurs apathiques. Comme il n’y a presque pas d’histoire alternative (le film est très court, génériques compris il dure à peine 1 heure 10), forcément cela limite aussi le travail des interprètes.
Le scénario est typique des films de monstres de l’époque, genre Tarantula et consort. Un monstre géant (ici une sorte de mix entre un sauropode et un plésiosaure, on est dans une époque très paléontologique !), une menace nucléaire, des destructions partout, et une conclusion en happy end. Si dit comme cela le film a l’air sympa, concrètement c’est un peu moins vrai. D’abord il est mou. Pour un film d’1 heure 10 c’est un exploit ! Il y a fort peu d’action, le monstre apparait très rarement, comme je le disais les dialogues s’étendent en longueur. Ensuite il présente très peu de surprises. Pour ceux qui ont déjà vu un ou deux films de monstres de l’époque, Béhémot est un condensé de lieux communs, le souci étant qu’ici, le manque de moyen est assez criant, et de ce fait tout est bien moins fun. La conclusion par ailleurs est franchement limite.
Sur la forme, Béhémot n’est pas ridicule. La mise en scène arrive, souvent péniblement mais enfin, on sent un effort de fait, à cacher le manque de budget. Hickox se décarcasse, cela se voit en particulier dans l’attaque de Londres. Franchement c’est propre et efficace. La photographie est très réussie. Le noir et blanc est vraiment beau, avec des contrastes appuyés, et un rendu à l’écran qui ne fait pas son âge. Les décors eux sont bien sur restreints. Ca sent la maquette, le carton pâte, mais enfin, dans les années 50 ce n’était pas chose rare. Les trucages pour leur part sont franchement dépassés. Le monstre est vraiment limite, les jets de radiations sont pathétiques, et les maquillages pour simuler les brulures sont ratés. Enfin musicalement Béhémot est assez sobre. C’est rare à une époque où les cuivres avaient souvent la côte. Pour ma part je n’ai rien retenu de particulier de ce coté là.
Sincèrement, dans le genre film de monstre des années 50, Béhémot n’est clairement pas le meilleur. Néanmoins il est loin d’être mauvais. Certes assez mal conduit au niveau de son scénario, avec surtout un rythme mollasson, il souffre, aussi d’un manque de moyens flagrant, que ce soit au niveau du nombre de figurants ou des décors et des trucages. Pourtant le spectacle n’est pas désagréable grâce à une mise en scène et à une photographie classieuse, et par une certaine intelligence de réflexion sur la problématique nucléaire. Des films de monstres intelligents ce n’est plus si courant, alors Béhémot vaut peut-être le détour, rien que pour cela.