C’est entendu, le film est bon, et Colin Firth va décrocher son Oscar. On ne donnera rien à l’autre acteur, Geoffrey Rush, qui est au moins aussi bon que lui, parce que le public ne le connaît pas et que ce serait du gaspillage. Mais enfin, permettez-moi un ou deux bémols.
D’abord, l’histoire ne réserve aucune surprise : le moindre épisode est prévisible. Ainsi, alors que le faux médecin, qui n’est qu’un acteur australien raté, refuse de donner au prince la moindre marque de déférence protocolaire et s’obstine à l’appeler par son diminutif, Bertie, "parce que le praticien et son patient doivent être d’égal à égal" (sic, où diable a-t-on jamais vu ça ?), on sait d’avance qu’à l’issue du discours de son client à la radio, il va enfin lui donner du "Your Majesty". Ça ne rate pas, truc de dialoguiste. Aussi, dans cet épisode du début, où il lui fait lire à haute voix et enregistre sur disque la tirade d’Hamlet, qu’on n’entend pas puisque la musique trop forte la couvre, on sait que le prince va l’écouter plus tard et découvrir qu’il l’a dite entièrement sans bégayer ! Truc de scénariste.
Enfin, sonoriser le fameux discours radiophonique avec le troisième mouvement de la Septième Symphonie du gros Ludwig, en vue de rendre la séquence émouvante (aucun spectateur ne résisterait), c’est gros comme une maison, et John Boorman l’avait fait tout au long de son film "Zardoz", il y a bien longtemps. Truc de metteur en scène.
Et puis, pardonnez ma naïveté, mais on ne comprend absolument pas ce qui a pu "guérir" le roi de son bégaiement !
Ces minuscules réserves faites, sans être un grand film, celui-ci est agréable à voir et ravira les midinettes. Stéphane Bern et "Points de vue - Images du monde" ont dû beaucoup aimer.