Le film traite de l'évolution de la société finlandaise, et plus particulièrement de ce que le réalisateur appelle "la honte des hommes" : "En Finlande, le couple a changé : les femmes sont souvent plus fortes, plus efficaces et plus capables. (...)Pourtant, bien que les femmes modernes se chargent souvent de nourrir la famille, d’une certaine manière la société reste attachée à la tradition qui veut que certains rôles reviennent aux hommes, comme réparer la tondeuse à gazon ou la télévision. Nous voulions explorer le sentiment de honte des hommes qui n’arrivent pas à remplir leur «rôle d’homme», et la honte d’un pays trop méconnu du reste du monde".
Le réalisateur Dome Karukoski raconte la genèse du film : "En Laponie, le chômage touche plus de 40% de la population dans certaines régions. En hiver, on voit à peine le soleil. En été, il ne se couche plus ; (...) Je me demande toujours comment quelqu’un peut vivre dans ces contrées. C’est grâce au «Perkele» finlandais. «Perkele» n’a pas de traduction. Parfois, il est utilisé comme un juron, mais il signifie en fait quelque chose entre la puissance de la fatalité et le pouvoir de la volonté. Les lapons croient en ce «Perkele». Même chez le plus grand raté, on peut trouver un héros. Le «Perkele» est l’inspiration première de Very cold trip."
Le réalisateur : "Il a fallu quatre ans pour parvenir à ce scénario. Quand nous avons commencé à discuter de l’histoire, c’était une farce, mais nous ne la trouvions pas assez crédible et l’avons modifiée pour la rendre plus réaliste, avec des événements sonnant vrais. (...) Nous avons montré le film en avant-première à 700 habitants de Laponie : ils nous ont embrassés ! Le film ressemble à leur vie".
Le froid et la nuit permanente n'ont pas facilité le tournage du film, comme en témoigne le premier intéressé, Dome Karukoski : "Quand nous avons fait le film, aucun autre projet finlandais n’était en cours. Nous avons pu choisir les techniciens les plus expérimentés dans ces conditions extrêmes. Nous avons tourné dans des températures atteignant -38°C. Nous nous sommes munis de saunas pour que les acteurs - qui ne portent pas beaucoup de vêtements dans le film - puissent rester au chaud ! Finalement, ils ont préféré souffrir du froid et rester dehors… au moins ils avaient le choix !"
La musique du film reflète la coproduction de la Finlande avec l’Irlande et la Suède : "(...) nous avons pu obtenir un son unique grâce à des ingénieurs du son suédois et au compositeur irlandais Lance Hogan.", explique le réalisateur. "Bien que le récit soit assez simple, le film est une grande aventure, une odyssée : un couple se met en quête d’un nouveau décodeur. (...) la musique devait être épique. Nous avions parlé d’Ennio Morricone avec Lance, car pour nous, le film est une sorte de western Lapon."
Spécialisé dans le drame (La Belle et le vagabond, Forbidden fruit, La Maison des papillons noirs), le réalisateur Dome Karukoski tourne avec Very cold trip sa première comédie.
Lors de sa première semaine de sortie sur quelques 81 écrans en Finlande en octobre 2010, le film de Dome Karukoski a atteint la première place du box office avec plus 46 000 billets vendus, battant Moi, moche et méchant et devenant le cinquième plus gros succès d'un film finlandais depuis dix ans.
Source cineuropa.org
Le réalisateur analyse le nouvel essor du cinéma finlandais : "Il y a une nouvelle vague, un renouvellement générationnel. Je suis ravi de participer à ce mouvement. Beaucoup de réalisateurs et de scénaristes ont une trentaine d’années et revitalisent notre industrie. Beaucoup de films formidables vont être réalisés dans les cinq prochaines années. L’année dernière, mon film "Forbidden Fruit" (...) et "Letters to Father Jacob", de Klaus Härö, ont reçu à eux deux plus de trente prix dans les festivals du monde. Cette année devrait également être très bonne".
Le film était présenté en avant-première au Festival du film de Toronto (Canada).