Pour qui se délecte du found footage, la série Rec est ce qui se fait de mieux dans le genre. Jaume Balaguero et Paco Plaza, passionnés, respectueux de leur public, justifiaient (presque !?) tout le temps les morceaux filmés de leurs deux films (à l’inverse d’un Cloverfield par exemple, oui je sais, on se répète !).
Sans doute usé par la redite, Plaza, seul au commande cette fois, Balaguero à la production, décide d’innover afin de ne pas se répéter. Gage de qualité, où à une époque mercantile, on utilise jusqu’à épuisement un phénomène qui fonctionne.
Autant prévenir, on ne vient pas chercher la totalité des explications des deux premiers opus. Bien sûr, allusions et clins d’œil seront de la partie mais aucune préquelle n’est ici réellement exposée. On n’en dit pas plus.
La force de Rec étant sa forme première, quand est-elle dans cet opus ?
Cela commence de la plus belle des façons, en inscrivant le ton du film. Celui-ci sera baigné d’humoir noir, à ce titre, l’ouverture est d’une saveur particulière pour qui aime le genre. Non, Paco Plaza ne se répétera pas et il nous en informe de plusieurs manières. Sans rien dévoiler ici, c’est amusant et plutôt brillant.
Camescope et caméra aux poings il enchaîne ensuite avec des moments de vie, le mariage et sa fête, d’une crédibilité de jeu saisissante. Nous faisons presque parti de la soirée. Par parcimonie, l’inéluctable arrive…Stop. La suite en dévoilerait beaucoup trop.
Il faut donc prendre Rec 3 pour ce qu’il est, comme le veut le réalisateur, c’est « plus lumineux, plus drôle, violent et trépidant », il ne ment pas.
Tout le monde ne s’y retrouvera pas, mais n’est-ce pas l’essence même du cinéma de ne pas se répéter ? à une époque où les franchises calquées et décalquées nous assaillent d’un « Y » 4, puis 5, déjà jumeau du précédent. Rec 3 mise sur la carte de la farce pure et dure tout en respectant le genre, et en en mixant d’autres, bref, une boulimie visuelle et culottée. Rec 1 et 2 étaient violent, rajoutons une note gore, Plaza ose tout avec talent. Même le ridicule qu’il réussit à nous faire gober dans une scène où le héros-chevalier décide de braver « les infectés ». Il détourne tout, même le conte, ici le brave chevalier ne va pas chercher sa bien-aimée dans le donjon, c’est elle qui vient à lui par les cachots ! Fun on vous dit.
Alors tout n’est pas parfait, un léger manque de rythme s’inscrit parfois, une once de bis flirt aux bords de cette cérémonie, mais de manière trop légère pour ne pas apprécier l’ensemble une fois qu’on accepte l’aventure que Plaza nous propose.
Cela pourrait suffire au duo, non, ils veulent inscrirent encore un niveau à l’édifice de leur gâteau gourmand. Alors Plaza se penche sur le romantisme, extrême opposé des genres suscités. Et cela fonctionne.
L’interprétation donne par les deux rôles principaux une réelle crédibilité à cela et le reste du casting est parfait. Des « tronches » comme on les aime, de la petite sœur, à l’oncle en passant par les potes, tout le monde est ici afin de rendre l’entreprise la plus crédible possible.
Si Rec 3 en déstabilisera plus d’un, pour ceux qui voudraient prendre la main tendue par Plaza, le spectacle est une tout autre expérience que les deux précédents, bien que complémentaire, sans être explicative. Presque un hommage aux films, aux genres.
Le duo à la bonne idée de ne pas se répéter et rend le film fun, très bien réalisé et jouissif. Plaza devient alors touche à tout, et par un humoir noir très plaisant, place une fois de plus cet opus de Rec dans ce qui se fait de mieux. Comme quoi parier et oser un revirement est parfois payant. On insiste cependant, attention aux attentes, cette fois on change les règles…et heureusement.
http://requiemovies.over-blog.com/