Après le succès impressionnant de "[REC]" et de "[REC] 2" , Paco Plaza et Jaume Balaguero annoncèrent non pas une mais deux nouvelles suites à leur saga horrifique ; mais cette fois-ci les compères se séparent, chacun se chargeant de l’une de ces deux suites. C’est à Paco Plaza de lancer la continuité avec "[REC] 3 : Genesis"…et croyez-moi que, si vous aviez peur que la saga ne finisse pas s’essouffler à force d’épuiser à mort son concept de base, Plaza a bien compris qu’il fallait innover pour ne pas s’enliser. Pourtant, au départ, on nous donne l’impression que "[REC] 3" est dans la continuité de son prédécesseur : un invité qui filme tout avec son caméscope va nous faire profiter du plus beau jour de la vie de Clara et Koldo qui vont officialiser leur union en célébrant leur mariage. Après la cérémonie à l’église, tout le monde va se retrouver pour dîner et faire la fête. Malheureusement, les festivités vont virer au cauchemar lorsque l’un des invités va agresser soudainement les convives…puis un incident va faire que le caméscope va tomber à terre, totalement détruit. L’image se coupe et le titre du film apparaît enfin…au bout de 21 minutes de métrage !! Vous vouliez de l’originalité ? Et bien vous êtes servi avec l’une des introductions les plus longues qu’il m’est été donné de voir sur un écran ! Mais l’originalité va continuer puisque qu’à partir de ce moment précis, Plaza va totalement abandonner le style caméra à l’épaule pour basculer dans une réalisation traditionnelle, se distinguant complètement des deux premiers opus (au risque de surprendre, voir choquer ceux qui les ont appréciés !) Et oui, car "[REC] 3 : Genesis" est un métrage totalement fou qui va jouer la carte du statut multiple : un tiers de comédie, un tiers de film d’horreur gore et un tiers de drame romantique. Le côté comique est surtout présent lors de l’intro (quand tout se passe bien encore) avec la présentation des protagonistes, puis à quelques moments dispersés lors du reste du film (comme exemple on peut citer
le coup de « Saint-George », le papy qui comprend un truc totalement différent de ce qu’on vient de lui dire, les lascars qui s’envoient en l’air pendant le carnage, John l’éponge ou encore Clara qui balance à son amie « Après t’étonnes pas qu’on dise que les françaises passent pour des salopes ! »
). Ensuite, la comédie bascule dans le gore qui tâche en vous balançant des hectolitres d’hémoglobines en pleine tronche : les amateurs vont vraiment apprécier de belles fulgurances, surtout que le ton du récit tombe alors dans la parodie trash à la "Evil Dead", l’hommage étant d’autant plus que visible que notre belle et jeune mariée va se transformer en version féminine et hyper badass de Ash. D’ailleurs, sur ce point, "[REC] 3" a l’énorme mérite de nous proposer une héroïne loin des stéréotypes habituels des demoiselles en danger dans un film d’horreur qui passent leurs temps à hurler au moindre bruit et à prendre des décisions débiles quand elles ne sont pas affalées dans un coin à chouiner ! Non, Clara, elle, elle prend son destin en main, elle refuse que le plus beau jour de sa vie soit un fiasco et elle part dérouiller du zombie à tour de bras : bref, elle déchire sa race grave !!! Fini l’ère des potiches, vive Clara ! Mais, outre la comédie et l’horreur, "[REC] 3" joue aussi la carte de la romance et, avec tout le respect que j’ai pour Sir William Shakespeare, « Roméo & Juliette » est totalement ridiculisé niveau émotion par l’histoire de Clara et Koldo (sans déconner : voir tant d’amour au milieu de cet effroyable étalage de tripes, membres et boyaux, ça réchauffe même les cœurs les plus glacials !) : tout simplement l’un des plus belles histoires d’amour jamais contée au cinéma (et ce n’est pas le formidable climax du film qui me contredira !!). Personnellement, ce mélange de genre ne m’a pas dérangé, mais je peux tout de même comprendre que cela laisse perplexe la plupart d’entre vous. Je n’ai rien contre le côté original et funky du film, non ce qui me gêne réellement c’est qu’il n’apporte rien à l’histoire de base de la saga : à première vue, le récit de ce troisième opus débute quelques temps (1-2 heures ?) avant celui du premier (chose confirmé par un écran de télé qui nous montre la mise en quarantaine de l’immeuble) mais c’est tout, rien de plus…à un moment, un invité qui est vétérinaire explique que sa blessure à la main est due à un chien qu’il essayait de sauver et qu’il croyait mort qui a eu un dernier sursaut et l’a mordu : s’agit-il du toutou de la petite fille du premier volet, aucune référence ne sera faite ! Alors, même si je trouve le film sympa, j’ai tout de même un sérieux doute sur l’utilité de son existence ! Et c’est bien là le paradoxe du film de PacoPlaza : s’il s’agit d’un film fun et décomplexé mêlant habilement plusieurs genres, il est incompréhensible qu’il appartienne à la saga "[REC]" ! Peut-être aura-t-on le fin mot de l’histoire avec le "[REC] 4 : Apocalypse" de Jaume Balaguero…en attendant, "[REC] 3 : Genesis" demeure à la fois une déception et une bonne surprise…mais une déception tout de même !