Comment pouvons-nous oublier [REC], ce film d’horreur espagnol qui s’est fait un nom très rapidement grâce à son efficacité et à sa mise en scène, boostant cette dernière (celle de la caméra subjective) en tant que grande mode du moment (après avoir été lancée par Le Projet Blair Witch) ? Un succès qui a entraîné la naissance d’une suite, peu mémorable, mais toujours aussi prenante. Et contre toute attente, voici un prequel caché sous le titre d’un troisième opus, qui a pour but de nous raconté comment tout à commencer. La saga [REC] est-elle, une fois de plus, la référence du genre avec ce nouveau film ? (ATTENTION, SPOILERS !)
Le film démarre sur le plus beau jour de Koldo et Clara. En effet, il s’agit de leur mariage et il est temps pour eux de faire la fête en compagnie de leurs familles et amis respectifs. Seulement voilà, la soirée tourne au cauchemar lorsque certains des invités deviennent agressifs, attaquant et mordant tout ce qui bouge. Un merveilleux moment qui tourne donc au carnage, obligeant les survivants de devoir abandonner leurs proches, condamnés, et de s’enfuir de cet enfer. Bref, avec un tel démarrage, la saga impose d’office le fait de vouloir changer de direction : celle du divertissement sadique et gore ! Quelle idée ignoble de faire d’un mariage un véritable buffet pour « zombies possédés » ! Et qui dit sadisme dit manque de sérieux. Et c’est là que [REC] 3 nous perd. Après une entame bien trop longue (soit 20 minutes avant que le titre soit annoncé), le film vire au grand n’importe quoi ! Au lieu d’être le prequel tant attendu, il ne s’agit ni plus ni moins qu’un banal film de zombies sataniques se déroulant en même temps que les deux premiers films (des informations diffusées à la télé nous l’informent), aux scènes incroyablement grotesques (deux personnes se baladant en armures de chevaliers, la mariée qui fait du kung-fu et joue de la tronçonneuse, un possédé n’écoutant pas des paroles bibliques censées l’arrêter à cause d’un problème de sonotone…) et aux dialogues absolument immondes, atteignant un niveau de niaiserie et de connerie inimaginable !
Et si ce n’était que ça ! Mais non, [REC] 3 se montre également décevant au possible du côté de la mise en scène. Déjà, les 20 premières minutes nous dévoilent de mauvaises séquences en caméra subjective, plutôt mal montées et qui manquent de réalisme (un détail anodin trop mis en valeur, un moment intime qui ne devrait même pas être filmé…). On pouvait tout de même fermer les yeux là-dessus, mais une fois le titre disparu de l’écran, le film devient aussitôt le tâcheron de la saga, revenant à une mise en scène classique. Fini les plans qui tremblent dans tous les sens comme si c’était une personne lambda qui avait tout filmé. Là, on voit qu’il y a un réalisateur à la barre (l’un du duo d’origine, à savoir Paco Plaza), gâchant tout ce qui a été fait depuis le premier opus. Ajoutons à cela l’ajout de musiques composées, d’acteurs vraiment nullissimes (quelles tête à claques, cette Leticia Dolera !!) et des bruitages déjà entendus (en particulier dans des vieux films de série B mettant en scène des monstres bizarroïdes ou bien des dinosaures en plastoc) pour arriver à se demander ce qui a bien pu se passer dans la tête du réalisateur ! Avec une telle dérivation vers la normalité, la saga perd de son angoisse, sa crédibilité, son efficacité, son identité et surtout son intérêt ! Ce troisième opus ne mérite donc pas de s’intituler [REC], n’ayant plus aucun rapport avec la caméra.
En clair, [REC] 3 Génesis fait partie de ces suites qui ne devraient même pas exister, anéantissant les codes de base de la saga pour n’être qu’une boucherie de piètre qualité, un film d’horreur jouant le second degré et l’efficacité du gore à fond sans avoir de l’intérêt pour autant. En espérant que le quatrième film ne fasse pas aussi pitié !