Quoi que biopic, ce n'est ni un portrait, ni un paysage, rien de plus que le sketch d'une velléité arrogante empreinte d'un sordide convenu. Sans surprise, sans propos, sans portée, le film flirte avec une intention intéressante - tout le monde attend encore LE scénario original "adolescence, drogue et décadence", à croire que c'est trop demander de se pencher sérieusement sur la question - mais souffre d'une analyse aveugle et parfaitement inutile, rigoureusement astreinte à l'insignifiance létale du récit. C'est d'ailleurs moins un film au sens strict que le prototype d'une télé-réalité plutôt banale (voix off sédative, rebondissements arrangés, photographie douteuse, protagonistes navrants, authenticité présumée, B.O. grossière) sans pour autant provoquer la jouissance sadique exigée dans ce genre d'exercice. Le livre est encore plus chiant (normal, c'est un livre). Jim Carroll est surévalué en rapport à la pitié très classique du martyr qu'il inspire au grand nombre. La description caricaturale et flatteuse qu'il s'offre à lui même, sous les traits de Di Caprio, demeurera l'aspect le plus répugnant du film.