Vous le savez sûrement, les années 80-90 étaient le terrain de jeu d'une flopée de bons films d'action. Parmi eux, les oeuvres de Schwarzy, Sly ou John Woo. Mais voyez-vous, l'aube des années 2000 amena de nouveaux acteurs dans le genre. "Pluie d'Enfer" compte donc l'une des premières escapades de Christian Slater en terre de gunfights.
Juste après "True Romance" et "Broken Arrow", Slater s'y remet donc. Je dois vous avouer que j'ai toujours voué un attachement tout particulier à l'oeuvre en question, "Pluie d'enfer". Non parce que je reconnais que le truc n'est clairement pas parfait, mais c'est tellement bon que je ne peux que le défendre face à cette foule de haters en folie.
Pour commencer, je dois reconnaître que "Pluie d'enfer" est une excellente série b, à la fois classique et surprenante; je ne m'attendais pas du tout à ça. L'idée de mélanger braquage et inondation est très pertinente. Permettant à l'oeuvre de se démarquer de la concurrence, c'est aussi et surtout un prétexte pour nous fournir une flopée de scènes efficaces et convaincantes, mais qui n'échapperont malheureusement pas aux clichés et autres incohérences.
Et c'est pour cela que la note n'est guère meilleure; le film n'est clairement pas parfait, et ne faisant pas tous les efforts pour s'élever de sa simple condition de film d'action, il est difficile de le considérer autrement qu'en tant que film sans prétention, qui n'apportera pas grand chose de plus que du divertissement dans l'instant. Prenons l'exemple de sa réalisation.
Néanmoins très convaincante, elle arbore tout de même un sacré défaut : son manque d'originalité, de personnalité ne permet pas à "Pluie d'enfer" de se démarquer des autres films du genre; si sa photographie, plutôt soignée, convainc sans soucis (Mikael Salomon, réalisateur, est en même temps le chef op' d'Abyss), sa réalisation se penche trop sur le suspens pour développer la beauté de ses plans. Plutôt efficaces, ils inscrivent, une fois de plus, Pluie d'enfer dans la lignée des petits films d'action sans prétention, forgés de sorte à n'être originaux que par leur concept de base souvent mal développé.
Le manque de finesse des dialogues ne vient pas aider l'appréciation globale, tant ils sonnent convenus, sans imagination, lourdauds, bourrins; on a rapidement l'impression que tous les braqueurs sont des idiots qui ne savent pas parler, quand Slater est réduit à déblatérer des moitiés de punchlines censées le rendre un peu plus badass, plus impressionnant que ce que laisse présager sa bouille d'ange naïf (sûrement héritée du Nom de la rose).
S'y oppose un Morgan Freeman toujours professionnel, mais qui ne se foule guère. Visez un peu l'affiche, vous verrez la gueule qu'il tire la majeure partie du temps. Les seconds rôles, guère marquants, sont plus intéressants par leurs personnalités extravagantes que par le faible jeu des acteurs, souvent propices au surjeu. On appréciera le cliché des récits de la Bible démocratisé par Pulp Fiction, et joliment tourné en dérision ici (certes sans finesse).
Plutôt intense, Pluie d'enfer vaut pour ses scènes d'action bien foutues, son spectaculaire honnête, son duel bien mené, et la diversité de ses passages à tension. Exploit technique certain (ce n'est tout de même pas non plus Waterworld), voilà une bonne série b qui mêle avec talent film d'action et film catastrophe, le tout dans une conclusion bordélique mais pas mal stylisée, efficace et explosive. Fort sympathique.