Le principe d’une série B, c’est de divertir le public avec de l’action explosive. Le genre bien bourrin qui demande à ce que l’on laisse nos neurones de côté pendant le visionnage ! Et si certains exemples préfèrent se prendre au sérieux, d’autres usent de leur statut de « petits films » pour oser dans le n’importe quoi. Aussi bien au niveau du scénario que des situations et des personnages. Et si ce style de cinéma nous a souvent réservé quelques surprises (en bien et en mal), il faut bien avouer que, question bazar démesuré, Pluie d’enfer tient-là des records !
Sur le papier, le film de Mikael Salomon (directeur photographique d’Abyss, d’Always, d’Arachnophobie, de Backdraft et d’Horizons lointains) suit la structure d’une série B tout ce qu’il y a de plus classique. À sa voir un groupe de mecs qui vont braquer un fourgon blindé et qui vont devoir faire face à l’un des gardes qui préfère jouer les héros de service en voulant protéger l’argent. S’ensuit alors un jeu du chat et de la souris dans la petite ville locale, avec son lot de courses-poursuites et de fusillades. Sans oublier les personnages « clichés » : le héros casse-cou qui se permet de répliquer avec un humour à deux balles, la fille dispensable présente juste pour apporter un boulet au héros (vu qu’elle sert strictement à rien dans l’histoire), un méchant principal qui s’avère finalement assez cool comme mec contre un autre méchant que l’on croyait être un gentil au début de l’aventure, des seconds couteaux idiots et qui foncent tête baissée… En passant bien entendu par des trames grotesques (le héros était cuistot ou un autre truc de ce genre avant de tout laisser tomber pour devenir convoyeur, la fille qui nous bassine les oreilles avec son église dont elle veut à tout prix préserver…). Tout y est ! Et sur le coup, Pluie d’enfer paraît bien banal.
Mais c’était sans compter sur le concept que propose le film : tout ce que je viens de vous dire, ayant pour cadre une ville en pleine inondation ! Oui, les poursuites en voitures ne suffisent plus, cette fois-ci, place aux hors-bords qui slaloment dans les rues d’une bourgade américaine ! Où le lycée est le témoin d’une course de jet-ski dans les couloirs. Où une personne menottée aux escaliers risque la noyade (avec le niveau de l’eau qui monte, bien évidemment !). Où une église est le théâtre d’une fusillade, avec en prime des bateaux qui passent à travers les vitraux. Où les tombes d’un cimetière flotte à la surface à cause de bulles d’air. Où le héros risque de finir électrocuté avec un transformateur électrique qui déconne dans les environs. Et, cerise sur le gâteau, où un barrage se détruit peu à peu, larguant une bonne quantité d’eau en plus ! Pas besoin d’en dire pour plus pour argumenter sur le fait que pour l’élaboration de ce film, les mecs, ils ont été bien loin !
Est-ce nul pour autant ? Pas entièrement parce que, du coup, on prend un réel plaisir à assister à cette espèce d’attraction aquatique. Et pour cause, l’humour est tellement à ras les pâquerettes (avec des répliques du genre « t’es à l’eau » ou « j’ai pris un bain », que l’on attendrait presque à voir passer une poule pour que l’on « oh, une poule d’eau), les personnages stéréotypés au possible et les situations ridicules comme ce n’est pas permis, que le film s’en amuse pleinement. Tout en y introduisant de l’action à gogo. Osant mêmes quelques cascades et ralentis dignes des grosses productions (comme si Pluie d’enfer était un film de John Woo, c’est pour dire !). Ça ne se prend aucunement au sérieux, et c’est tant mieux ! De ce fait, le spectateur se délecte également de ces séquences loufoques, qui arrivent à titiller notre intérêt en matière de divertissement bourrin.
Après, il faut bien avouer que, si cela amusait a début, ce concept (si l’on peut encore appeler cela ainsi !) s’épuise au fur et à mesure que le générique de fin commence à pointer le bout de son nez. Notamment à cause de cette histoire de méchant shérif qui oblige notre convoyeur à s’associer avec notre bandit en chef, prétexte à un rallongement du long-métrage via des séquences d’action en plus. Sans oublier une mise en scène plate, qui abuse un peu trop des ralentis pour donner un semblant de sensations), des musiques bien trop classiques qui ont du mal à s’accorder avec ce qui se passe à l’écran, et des effets spéciaux qui datent (la destruction du barrage rappelle celle de Superman, qui est de 1978). Et puis, pas besoin de parler des acteurs, qui ne sont là que pour toucher leur salaire de fin de mois. Quoiqu’il faut tout de même avouer qu’ils ne sont pas si mauvais que ça, semblant s’amuser de la situation de leurs personnages plutôt que de s’embêter à la tâche. Surtout Morgan Freeman qui, même en usant du minimum de son potentiel d’acteur de talent, convainc sans problème.
Voilà ce qu’est Pluie d’enfer : du grand n’importe quoi très limité qui parvient à convaincre un chouïa de par sa connerie scénaristique et son manque de sérieux. Certainement pas le film d’action que l’on retiendra de sitôt (on est encore loin d’un Rock, des Ailes de l’Enfer ou encore de Volte/Face), mais franchement idéal pour passer un moment délirant. Même si le film lasse vite.