Réalisé dans le plus pur style des années 70, ce mélodrame est un face-à-face magistral, et parfois un peu théâtral, entre un homme et une femme qui se retrouvent une dernière fois à Venise, se déchirent sans cesse en passant sans transition de la tendresse à la violence, mais qui en fin de compte s'aiment toujours et encore. Le film montre bien cette relation d'amour-haine, ces sentiments forts, douloureux, cette peur chez la femme, dans son attitude à la gare et au début du film, barricadée derrière ses lunettes de soleil et engoncée dans son manteau, portant un chignon strict. L'homme, lui, est terriblement cynique, dur, blessant et jaloux, sous couvert d'une fausse désinvolture. Les premières notes de musique du film annoncent d'emblée le drame, qui va se jouer pleinement dans la deuxième partie. Venise, filmée ici comme un personnage à part entière, apparaît comme une ville en décomposition, à l'image du drame qui est au coeur du film. Cette Venise sombre, glauque, grise et triste où se déroule l'action, contraste avec les flash-backs ensoleillés évoquant le bonheur perdu du couple, au fur et à mesure que le film retrace leur histoire : leur rencontre, leur mariage, la maison où ils ont habité jeunes mariés. Le film a mal vieilli, mais il est bien interprété par Tony Musante et Florinda Bolkan, qui déploient une vaste palette d'émotions et de sentiments. Un beau sujet, en tout cas, et une mise en scène pertinente de Venise.