127 Heures débute comme n'importe quel film de Danny Boyle, soit à 100 km/h. En moins de 15 minutes, chronomètre en main, le personnage interprété par James Franco a trouvé le temps de rouler en voiture des kilomètres seul dans la nuit, de rouler des kilomètres à vélo dans le désert nous gratifiant d'une où deux cascades, de faire la rencontre de deux midinettes bien gaulées, puis de les draguer en leur apprenant la plongée souterraine, pour finalement leur dire adieu et se coincer la main sous un lourd rocher au fin fond d'un crevasse. Le moins que l'on puisse dire, c'est que c'est vite expédié, d'autant plus que je n'ai pas parlé du générique qui prend bien deux minutes à lui tout seul.
Et ces quinze petites minutes caractérisent parfaitement l'archétype du cinéma de Boyle, à savoir un cinéma conçu par un hyperactif pour les hyperactifs.
La première et unique règle : le spectateur ne doit pas s'ennuyer. Du coup, hormis le rythme effréné d'une cuisine de fast-food, le montage nous assène une multitude de petits festons, guirlandes, ornements, une kyrielle de dentelures et de franges, de la décoration destinée à capter l'intention d'un spectateur trop vite ennuyé, une explosions de stimulus neuronaux, qui s'exprime à travers un usage sans limite du split-screen, la présence perpétuelle de la musique, des plans jamais plus long que 3-4 secondes, le tout donnant naissance à un clip musical de MCM ou une publicité pour agence de voyage.
Soudain, Voilà qu'arrive le fameux incidents, dont les conséquences vont pousser le film au huis-clos. Ouf! Boyle va pouvoir ingurgiter ses calmants et tenter une approche plus audacieuse de son métier. Malheureusement, ce qui devait lui permettre d'exhiber ses talents cachés de réalisateur, ne fait que mettre en exergue l'effroyable imposture cachée derrière ses autres films conçu sous Speed, Trainspotting ou la Plage. En effet, dénué de ses Gimmicks, Danny se retrouve nu face à la difficulté du défi auquel il est confronté. Indéniablement, le film tombe à plat, se vautre dans le sable chaud du désert qu'il se plait à montrer. C'est simple, à l'instar d'un autre huis-clos sorti un peu avant, Buried, on s'emmerde face au travail de réalisateurs incapables d'être à la hauteur de leur concept. Pour faire passer le temps, le film s'essaie en vain à divertir le spectateur à coup de flash-back, permettant à Boyle d'étaler à nouveau sa palettes de gadgets, mais on sent bien qu'à présent seul le feu d'artifice final compte et que ce couronnement impressionnera la galerie, au point qu'il suffira de mettre une musique pompeuse à tambour battant pour achever ce qui lui restera d'amour propre et lui faire lâcher une larme face à ce flot d'émotions fabriquées en laboratoire.
Non, Boyle n'est pas un cinéaste subtil, qu'il continue dans son style survitaminé, car au moins le but premier est atteint, le spectateur ne s'ennuie pas.