La voix-off bien reconnaissable de Lionel Barrymore a beau nous dire des paroles douces d'espoir au début et à la fin du film, c'est pas qu'on chialerait (quoique c'est limite!!!) mais ce n'est pas l'optimisme et la bonne humeur qui règnent. J'avais pas aimé des masses le roman de Cronin pour la simple raison que je trouvais la fin idiote alors que celle du film est plus ouverte ce qui en fait une des raisons que c'est une des rares fois où je préfère un film au livre duquel il est adapté. Carol Reed montrait déjà qu'il avait un sacré talent. Il suffit de voir comment il filme les décors miniers et utilise parfois magistralement le clair-obscur. Certains plans font même penser au futur travail qu'il effectuera pour "Le Troisième Homme" (eh oui, encore et toujours ce film!!!). Et puis surtout il exploite à fond, sans exagération (mais le sujet étant déjà suffisamment fort c'était pas la peine non plus!!!), le potentiel émotionnel du film. Côté interprétation, ça baigne dans la perfection tout simplement. On revoit le superbe couple d'"Une Femme disparaît" reformé. Mais il arrive l'exploit de totalement le faire oublier. Michael Redgrave est aussi grave ici qu'il était exubérant dans le film d'Hitchcock, et la superbe Margaret Lockwood autant elle était irrésistible dans ce dernier en délicieuse espiègle, autant elle est détestable ici en petite garce égoïste. Jusqu'ici la qualité du cinéma britannique reposait uniquement sur les oeuvres d'Hitchcock et dans une moindre mesure sur quelques superproductions Korda. Avec ce genre d'oeuvre, on sent que le cinéma britannique avait atteint une grande maturité et n'avait plus besoin d'Hitchcock, de toute façon parti à Hollywood, pour montrer une certaine grandeur. C'était le début d'un âge d'or où règnera pendant une décennie les Lean, les Powell, les comédies Ealing et bien sûr Carol Reed qui sera à son sommet.