Pas facile de reconstituer des séquences de la guerre de 14-18 avec peu de moyens. Reconnaissons que le réalisateur s'en est bien tiré. Côté civil, les comédien(ne)s sont excellents, le drame poignant. On mesure une fois de plus, non seulement l'absurdité de la guerre et le mépris des chefs militaires pour la vie humaine, mais tout le cynisme de l'appareil d'Etat, justice et armée, qui ne reconnait jamais ses erreurs, même tardivement. Il manque pourtant une dimension dans ce film, celui de l'antimilitarisme et du pacifisme. Car toute la lutte de Blanche se déroule dans le cadre d'une idéologie patriotique dont elle ne se départit jamais, pas davantage que ceux qui la soutiennent. On ne critique pas la guerre, la monstrueuse boucherie, ses responsables, ses profiteurs, mais seulement ceux qui ont mal géré cette guerre et injustement condamné des soldats innocents. Certes, des familles de victimes qui n'ont jamais dépassé ces limites ont certainement existé. Mais, à partir de 1917, le discours chauvin a tout de même pris du plomb dans l'aile, il y a eu des révoltes au front, des grèves à l'arrière et le développement d'une conscience internationaliste dans une partie de la,population. Cela, Blanche ne le montre jamais et c'est dommage.