Un film qui nous transporte dans les coulisses du pouvoir, dans le quotidien du Ministre des Transports, Bertrand de Saint-Jean, superbement interprété par Olivier Gourmet. On découvre un homme complexe, qui a des convictions et l'envie de réaliser des réformes pour servir le peuple, mais qui est également un animal politique rompu à l'exercice du pouvoir, et plus particulièrement à l'exercice de l'Etat comme l'indique très bien le titre. Car ce qui est le plus marquant dans ce film, c'est d'accompagner de St Jean pendant des journées interminables avec des déplacements, des interviews, des réunions, des conversations téléphoniques, etc. De 4h du matin à minuit, il ne s’arrête jamais, il est au service de l'Etat. On réalise aussi la perversion du monde politique où la hiérarchie et les luttes de pouvoirs amènent un homme comme de St Jean à renier ses convictions et à avaler une énorme couleuvre en acceptant de privatiser les gares. Et puis, derrière ce personnage politique, il y a l'homme, coupé de sa famille, sans véritable ami, qui se retrouve à passer une nuit chez son chauffeur tellement il se sent seul. Cette solitude résumée en une phrase "4000 contacts et aucun ami !". On ressent la distance entre cet homme et le quotidien des français, entre cette élite qui vit dans une bulle bien loin de la réalité du peuple. Le réalisateur a choisi un style direct, frontal, mais sans négliger pour autant le côté artistique avec des scènes superbes. Les acteurs sont excellents, avec notamment Zabou Breitman et Michel Blanc, mais il faut souligner la prestation impeccable d'Olivier Gourmet, qui est à la fois charismatique, exubérant, détestable, attachant, émouvant, excessif... bref, à la hauteur de la complexité de son personnage.