Un film très fin, qui confortera à la fois l'intérêt de ceux qui sont passionnés de politique, mais aussi le dégoût de ceux qui la détestent. Le scénario est une fidèle représentation de la réalité de la vie politique, si l'on oublie une scène aussi improbable qu'inutile de cuite ministérielle dans la caravane de son chauffeur (à moins que cette scène ne soit là pour dissiper le sentiment de regarder un excellent documentaire sur envoyé spécial). La finesse du film tient dans les contradictions habitant les hommes politiques, qui ne sont ni tout à fait des salauds (bucherons de travail, poids des responsabilités et de la solitude, convictions personnelles fortes, vie familiale dégradée...), ni vraiment des saints (égocentrisme, cynisme, mépris des autres, rivalités ministérielles, coups tordus et revirements de bords...). Par ailleurs, l'invasion de la communication dans la sphère politique est bien montrée : le fond des réforme ou des évènements est secondaire par rapport à la manière de les faire passer au JT ou à la radio pour gagner en popularité, quitte à être simpliste, menteur ou démagogue. D'autres thèmes sont également abordés : les hommes politiques, perdus dans la mondialisation, ont-ils encore un réel pouvoir ? Sont-ils puissants ou en-ont-ils seulement l'apparence ? Le pantouflage est-il compatible avec l'intérêt général et ne génère-t-il pas des conflits d'intérêts De même, la politique est-elle encore humaine ? En effet, au delà de la com' de surface et de la "mondialisation sans visage", on voit que la vie politique broie les hommes qui la servent. Au gré des circonstances, les destins se font et se défont en quelques heures, dans une violence sourde mais inouie. Les amitiés ne tiennent pas, pas plus que les convictions personnelles. Reste des hommes qui ressemblent finalement plus à des marionnettes qu'à des cadors. Bref un film qui réussi l'exploit d'embrasser 1000 aspects de la vie publique et d'en rendre perceptible l'atmosphère lourde et destructrice. La fascination-répulsion est un puissant couple pour donner du relief. On regrettera qu'Olivier Gourmet n'ait pas obtenu le César du meilleur acteur tant il est éblouissant : la faute à Omar Sy, qui montre que la facilité, le politiquement correct et la com' règnent aussi en maîtres dans d'autres sphères que la politique...