Cette politique-fiction impressionne par son réalisme et sa crédibilité, son intelligence dans le décryptage de l'exercice du pouvoir, sa force dramatique. Le film présente la trajectoire d'un ministre atypique, non issu du sérail, qui va se transformer en vrai fauve politique, mû par l'ambition, au détriment d'une certaine fidélité aux principes, aux engagements, aux hommes. L'histoire est un roman d'apprentissage où chaque choix, qu'il soit l'affirmation d'une conviction personnelle ou l'expression d'une concession, voire d'un reniement, fait avancer ou reculer l'homme, selon qu'il se trouve sur l'échiquier politique ou dans la sphère privée. La réflexion développée ici sur le pouvoir politique, dont la finalité n'est pas tant de servir l'intérêt général que de se préserver ou de s'élever, véhicule une vision désenchantée, celle d'un univers cynique et implacable, aux rouages déshumanisants. Mais il n'y a rien de gratuit ni de facile dans la démarche du réalisateur qui s'applique à cerner des noeuds complexes, humains et stratégiques, où il est question d'estime et d'accomplissement de soi. Rien de trop démonstratif ni de partisan. Rien de trop intellectuel non plus, grâce à une matière dramatique subtile et forte, une mise en scène aussi précise qu'énergique, un montage rapide. L'Exercice de l'État est un film dense et tendu, excellemment écrit, excellemment interprété (Olivier Gourmet et Michel Blanc à la tête d'un casting impeccablement sobre). En un mot, passionnant.