Voilà un petit thriller sans grandes prétentions qui a le mérite de jouer la carte de l’originalité : une femme est témoin d’un meurtre et se retrouve poursuivi par l’assassin qui finit par l’agresser sur un pont. Elle parvient à lui échapper en tombant dans l’eau, en ayant au passage heurté de la tête la structure métallique. A son réveil à l’hôpital, elle ne reconnaît ni ses amies ni son petit ami ; les docteurs lui apprennent alors qu’elle est atteinte de prosopagnosie, c’est-à-dire qu’elle ne reconnaît plus aucun visage... Il faut bien avouer que ça nous change des témoins visuels habituels ou des films impliquant des aveugles qui ont été témoins d’un homicide ! Et puis il faut avouer que cette pathologie est assez bien représentée dans le film : une même personne aura une multitude de visages différents tout du long du film (parfois même dans la même minute), ce qui aura pour utilité de semer la confusion aussi dans l’esprit des spectateurs afin de faire en sorte qu’on arrive pas à deviner tout se suite qui est le tueur. Toujours dans la représentation de la prosopagnosie, on retiendra cette séquence où l’héroïne enlève la buée de la glace de sa salle de bain et, à chaque mouvement de la main, on verra un autre visage à la place du sien (très bon effet). Si on pourrait se dire que cette dernière n’est pas très douée car, en sachant qu’elle confond les visages, elle pourrait se concentrer sur d’autres points pour identifier les gens (la démarche, la corpulence, la voix, l’odeur, un vêtement précis, la coiffure, une barbe, une tache de naissance, une cicatrice, un tatouage, des lunettes…) ; je répondrais que le film veut justement nous montrer à quel point l’être humain ne se sert que de ses yeux et que dès que ce sens nous fait défaut, nous sommes perdus à un point que l’on oublie que l’on peut ressentir les choses d’autres façons. Si son rythme est assez lent, privilégiant l’investigation et les fausses pistes à l’action pure, le film demeure prenant et on se laisse regarder finalement. Côté casting, cela fait plaisir de retrouver Julian McMahon dans un rôle potable depuis la série "Nip/Tuck" (il faut avouer que sa prestation en Fatalis dans les deux films des "4 Fantastiques" était plutôt pitoyable !) et surtout c’est agréable de voir que Milla Jovovich possède des talents de comédienne : bien loin de son stupide personnage d’Alice de la saga "Resident Evil" (c’est vraiment pas une bonne chose qu’elle tourne dans les films de son mari !), elle nous campe une femme perdue à cause de sa pathologie qui arrive à nous faire ressentir son désarroi, notamment au travers du naufrage de son couple.
Petite série B honorable, "Faces" se regarde facilement et vous fera passer une bien meilleure soirée que les séries moisies de TF1 ou une quelconque émission de télé-réalité débile (oups : pléonasme !!)