Adapté d’un roman de Joe Dunthorne, « Submarine » expose une vision de l’adolescence à travers les yeux d’Oliver Tate, un jeune garçon dont les envies sont simples. Avoir une copine et en profiter pour perdre sa virginité et ressouder le couple familial. L’intrigue se partage en trois parties, à peu près égales en termes de longueur et de qualité. Les dialogues écrits par Richard Aoyade sont plein de bons mots qui font rire fréquemment. Les échanges entre les personnages sont tellement bien écrits qu’ils constituent l’une des grandes forces du film. La mise en scène du réalisateur en est aussi une. Inventive, elle permet d’illustrer de façon claire et sans en faire trop les pensées d’Oliver, comme lorsque le garçon fait une parenthèse dans l’action pour se rappeler certaines scènes antérieures ou bien lorsqu’il s’imagine les différents plans de caméra du "film de sa vie". Côté bande son, il n’y a rien à redire. Les thèmes composés par Andrew Hewitt sont absolument parfaits, ainsi que les chansons de Alex Turner, chanteur des Artic Monkeys. Autant de musiques s’accordant parfaitement avec l’ambiance "so british" de « Submarine ». Si l’aspect technique constitue un sans-faute, que dire du casting ? Les deux enfants, Oliver et Jordana ont bien été choisis. Craig Roberts livre une interprétation très personnelle de ce héros cynique et spécial, bien trop mature pour son âge. Sa voix off donne accès à ses étranges pensées, souvent en décalage avec la réalité, comme au début du film lorsqu’il imagine les réactions de ses camarades suite à sa mort. Il est terriblement atypique, imparfait et très drôle malgré lui. Malgré ses bizarreries, il reste attachant. Sans surprise, Noah Taylor est génial dans son rôle de père aimant, trop indulgent et presque dépressif. Il s’agit probablement de l’une de ses meilleures interprétations à ce jour. Chacune des scènes où il intervient est un délice. Face à lui, Sally Hawkins et Paddy Considine, corrects mais sans plus. Graham est trop exubérant dans une œuvre de ce genre toute en retenue, où les personnages agissent toujours sous une certaine réserve. Malgré cela, « Submarine » est une œuvre charmante. Un film étrange et atypique, tout comme son héros, et qui plaît grâce à son ton unique. Voilà qui ne fait que décupler mes attentes pour « The Double » du même réalisateur, en salles cet été.