Le premier film réalisé par Jodie Foster devait l’être par Joe Dante. Ayant pris sa place, Jodie l’étoile depuis longtemps montante prenait ses aises de starlette pendant que d’autres sombraient ; Little Man Tate est alors devenu le moyen pour Orion Pictures d’afficher Foster en poster après Le Silence des Agneaux. Alors, coup publicitaire ?
Le film est tout de même loin d’être un pari : le little man du titre, c’est un enfant prodige à la August Rush, & Foster en a été un. Elle sait donc de quoi elle parle, & son propre prodige s’applique – du moins s’en rend-on compte ici pour la première fois – à la mise en scène. Le tape-à-l’œil de son Money Monster (si on l’a vu, comme moi, avant Little Man Tate) est trompeur quant au talent qu’elle a déversé avec enthousiasme dans cette première œuvre. C’est compliqué de se donner à soi-même un rôle nuancé, ni trop flatteur ni trop modeste, & son personnage de mère est presque outrageusement convaincant.
Son fils, alias Adam Hann-Byrn (qui fera à peine autre chose que le premier Jumanji), a lui aussi une bonne crédibilité, quoiqu’un peu calme. C’est l’arbre qui cache la forêt d’alchimies magiques entre les enfants, les adultes & les entredeux, même si, ironiquement, tous manquent un peu d’anonymat pour ne pas faire regretter leur développement modeste. Tout est un peu trop basé sur Foster vs Dianne West, dont l’inimitié sur le plateau permet d’alimenter le conflit entre l’instinct maternel encombrant de l’une & l’esprit académique psychorigide de l’autre, ce qui est le seul (mais gros) avantage de leur conflit. L’enfant prodige, en manque de réplique, est ballotté entre ces deux forces sans pouvoir faire grand chose.
Parfois trop prompt à suivre des fausses pistes qu’on est arrogamment tenté de voir comme des signes d’inexpérience, Little Man Tate est ce film du début des nineties avec des effets visuels très kitschs, réalisé par une grande actrice qui fait son boulot tout en se découvrant une aptitude de réalisatrice. La production a rassemblé les bonnes personnes pour lui faire remplir totalement sa vocation avec un minimum d’anicroches. Ce n’est pas le film prodigieux que tout cela peut faire attendre dans l’idéal, mais il en a plus que de simples symptômes.
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