Il est difficile de dire du mal de "Beginners", tant son trio d'acteurs est gracieux, portant avec une légèreté jamais démentie des situations convenues et des questions existentielles complexes ("que comprend-on du couple formé par ses parents ?", "comment faire face à la sexualité de son père ?" etc. etc.), et tant la mise en scène de Mike Mills est maligne, facétieuse même, dans l'air du temps va-t-on dire, pondérant la tristesse dépressive de ses thèmes… Eh bien essayons quand même, car ce "Beginners" si subtil, si aérien, si bien troussé, a surtout créé en moi de l'irritation : cette vision d'un monde sans aspérités, gentiment gris, cette distance vaporeuse, raffinée, avec l'existence, cette manière de dire en somme "nous sommes bien trop intelligents pour prendre tout ça au sérieux", avec un clin d'oeil un peu branché à des spectateurs forcément du "même côté" que "l'auteur", ce cinéma qui ne sert plus à grand chose à part d'être simplement brillant techniquement… tout cela m'a paru bien vain, pour ne pas dire démissionnaire. Et oui, je sais que Sophia Coppola et Wes Anderson, deux cinéastes que j'admire, travaillent le même sillon, encore et encore… Mais chez Mike Mills, il y a comme un déficit supplémentaire de courage, un "trop plein" de bon goût qui fait que, non, ce n'est plus possible pour moi de suivre.