Desservi par une bande annonce formatée laissant présager une énième comédie romantique à la sauce indé, Beginners déjoue les pronostics en proposant une variation amoureuse plutôt subtile et touchante. Maniant différentes temporalités, faisant résonner les échos du passé dans le présent narratif avec aisance, Beginners rend les émois palpables et les quêtes essentielles. Oliver, héros mélancolique porté par des parents hors norme (mère fantasque et père homo caché jusqu'à 75 ans), foire toutes ses relations amoureuses. Il rencontre Anna, une actrice française tout aussi mélancolique. C'est alors que les choses changent ou pas. Beginners, c'est d'abord une ambiance tout en délicatesse, une mise en scène sobre parsemée de trouvailles visuelles élégantes, décors classe, pointes humoristiques égrainées du début à la fin (le chien qui "parle", les transgressions nocturnes d'Oliver, ses jeux avec sa mère), une mécanique parfaitement huilée qui rend le film très agréable à consommer. De même, les personnages sont dépeints avec un savant mélange de profondeur et de légèreté qui ne les rend jamais creux ou improbable. Même Anna, dont on se dit au départ que cette actrice est trop cliché, réussit à nous toucher par son mystère. La cerise sur le gâteau, c'est Ewan McGregor. De presque tous les plans, il déborde d'humanité. On sent à nouveau la profondeur de son travail, cette élégance toute britannique d'en faire beaucoup en en montrant peu. Drôle, et touchant, bouleversant quelquefois, il hisse le film au-delà du simple exercice de style qu'il aurait pu être. A ses côtés, Chritopher Plummer est impeccable, Mélanie Laurent assez juste (et presque pas énervante), et Mary Page Keller en mère plein de fantaisie et de douleur rentrée. Joli film, bel objet cinématographique, Beginners se déguste comme un cornet de glace assis à l'ombre d'un arbre...