David Schwimmer est très connu pour son rôle de guignol dans Friends, beaucoup moins pour ses talents de réalisateurs. Et pourtant, avec Trust, il prouve que c'est un homme engagé et doué derrière la caméra. Le film aborde un sujet qu'on connaît et qui reste toujours assez délicat à développer dans le monde du cinéma : le viol. L'histoire d'une jeune fille manipulée sur Internet qui tombe sous le charme de pervers. Trust questionne notre rapport à l’image, la sexualisation des figures adolescentes (notamment au travers de la publicité), la permissivité parentale, les dangers de la toile. Plus qu’un rappel à l’ordre et à la vigilance, il dresse un triste constat : l’impuissance de l’éducation face aux dérives sociales. La grande force de ce film est qu'il ne dépeint jamais la jeune fille comme une marginale, déphasée, en crise. Non, la Annie du film est d’une normalité folle, c’est la fille d’à côté, la fille d’une amie, la vôtre. En résulte, un drame d’une gravité monstrueuse, qui ne verse cependant jamais dans la facilité en préférant explorer intelligemment divers points de vue, réactions, conséquences. Une mère dévastée, un père qui perd pied et trouve refuge dans la colère, une fille abîmée qui opte pour le déni, en protection. Un trio dans une tourmente moderne, filmé avec le recul nécessaire, narré avec dignité. Enclenchant un processus d’identification coup de poing, le film capte, crédible, trois réalités ; prend, authentique, trois visages- pour mieux marquer les esprits. Le mal n’est plus irréel, statistique, virtuel. Le mal a le visage de la banalité. Et pour pouvoir faire ressentir une empathie monstre avec le spectateur, il fallait bien un casting haut niveau. Et on a le droit à un Clive Owen, magistral et à une Liana Liberato bouleversante de justesse. Ainsi, Trust, c'est l'histoire d'une jeune fille qui pourrait être n'importe qui. Une histoire tenue par une mise en scène fluide et des dialogues très justes. Et comme son titre l’indique, l’excès de confiance peut être malencontreusement pris pour de l’amour, mais il faut être vigilant : les deux sont parfois aveugles. Trust est donc une belle réussite. Un drame familial mené d’une main de maître par un comédien reconverti, brillamment interprété, qui aborde les aléas très réels du monde virtuel.