Tant qu'il reste drôle, un film d'animation ne me dérange pas s'il est en grande partie destiné au jeune public ; après tout, c'est sa raison d'être. Mais lorsque l'humour, aussi furtif soit-il, semble lui aussi concerné uniquement les enfants, difficile pour un homme barbu comme moi d'y trouver son compte. Zarafa c'est quelque chose de trop limité pour plaire à toutes les tranches d'âges, le côté pédagogique qui suinte du récit renforçant cette impression de cible unique. Pourtant, malgré cette difficulté d'adaptation à ce récit enfantin, il n'y a pas un rejet total de ma part, car le côté aventurier et l'atmosphère du film ne laissent pas indifférent.
Le film est avant tout une plongée dans l'univers colonial du XIXème siècle, avec en personnage principal un jeune africain qui attiserait la sympathie de tout le monde sauf de Marine. Il n'a ni famille, ni amis, sa seule compagnie étant des chaînes trop lourdes qui le condamnent à une vie d'esclave. Oui mais voilà, ces chaînes sont trop larges pour les petits poignets de notre héros – Maki – et la fuite est alors permise, filant à travers le désert pour échapper aux esclavagistes français. Dès le début ce clin d'œil à la «force» enfantine (petitesse, maigreur, agilité) montre bien qu'une vraie complicité s'instaure entre le public post-berceau et son personnage.
L'histoire se lance définitivement lorsque les destins d'une jeune girafe (Zarafa) et de Maki se retrouvent liés, les amenant à braver tous les dangers et à parcourir l'Afrique et bientôt la France dans le seul but d'être libres. Même si tout n'est pas si simple ; le monde des adultes, plus complexe, plus cruel, s'opposant à leurs désirs. Hassan, la figure paternelle du récit, l'homme qui prend les décisions, n'ayant d'autre choix que de transporter Zarafa jusqu'à Paris dans le seul but de conclure un pacte avec le roi de France qui pourrait permettre de sauver une ville d'Alexandrie assiégée. Tout le film repose donc sur les liens d'amitié et d'amour, qui se font et se défont, qui se contredisent parfois, les auteurs essayant de montrer que seul les liens affectifs donnent un sens à la vie, que sans eux, nous ne sommes plus rien ; message plutôt louable en soi.
Mais malgré ce voyage agréable, à dos de dromadaires, en bateau, en ballon, et tout l'aspect aventurier qui va avec, c'est une déception de voir que le film oublie de donner une touche plus légère à son histoire ; l'humour se fait rare, trop rare pour ne pas donner l'impression d'un manque de folie. Les personnages en eux-mêmes sont très convenus, ils ne sont pas exaspérants mais ils n'ont pas cette fibre habituelle que l'on peut retrouver dans les films d'animation. Le parcours est plaisant, parfois poétique, souvent très beau, mais à l'arrivée on ressent encore un vide qui n'a pas été comblé, malgré les tournures épiques que peut prendre l'aventure. Zarafa est donc comme un mirage dans le désert, on sent que ça peut être bien, mais on s'aperçoit finalement que ça n'est que moyen.