J'avoue être un petit peu intrigué de retrouver le nom de Rémi Bezançon au générique de ce film, aussi bien avant de le voir qu'après. Mais qu'importe : faute d'avoir vu la patte du sympathique Rémi, je me suis contenté d'un film d'animation assez banal certes, mais qui lui aussi était au final tout aussi sympathique. Que lui manque-t-il ? Un peu de densité, surtout dans sa première moitié, car son univers est séduisant mais manque cruellement de relief. Tant qu'un certain nombre de personnages ne sont pas apparus, le film laisse beaucoup de creux et de blancs. Car oui, il est aussi bien trop sage ce film. Il ne risque rien, aussi bien au niveau de l'humour que du propos. Beaucoup le comparent à "Kirikou", et c'est vrai qu'il a ce côté « universalisons l'exotique » tout à son honneur. Malgré tout, parce qu'il s'ancre aussi dans le temps des colonies, on pourrait également faire la comparaison avec le récent "chat du rabbin". Or, là, c'est vrai que cette timide "Zarafa" peut se faire toute petite face au truculent matou de Joann Sfar. Bien trop consensuel, et manichéen, ce film souffre vraiment – pour un spectateur adulte du moins – d'un côté « voilà avec quelles valeurs il faut nourrir nos petits bouts de chou ». Malgré tout, malgré toutes ces limites, j'avoue cependant m'être laissé séduire par les nombreuses qualités qui entourent ce film. D'une part il est très beau, il sait à la fois se faire simple mais très expressif. Le dessin a ici une véritable personnalité ce qui donne déjà une belle plus-value à ce dessin-animé au regard des productions standardisées qui l'entourent. D'ailleurs, "Zarafa" peut aussi se vanter d'éviter toutes les fautes de goût habituelles à ce type de production. Il ne joue pas jusqu'à l'usure de l'humour pipi-caca, des personnages arlequins à la con totalement horripilants ou bien encore des chansons et musiques disneyennes que certains assènent à tire-larigot. Rien que pour ça, "Zarafa" a su se faire pour moi un spectacle agréable, assez créatif, et parfois même touchant. En somme, sans faire rentrer ce film dans les annales, je salue malgré tout et je remercie la démarche des deux compères Bezançon et Lie... Un film sympathique, c'est suffisamment rare en ce moment pour qu'on l'ignore.