Bien difficile de clairement définir ce drôle de long-métrage, fruit du travail d’un certain Joe Hill, fils de l’emblématique Stephen King, et d’Alexandre Aja, metteur en scène français spécialisé dans la réalisation de films horrifiques. Il pousse donc des cornes sur le crâne de Daniel ‘’Harry Potter’’ Radcliffe. On ne sait pas franchement pourquoi. Mais peu importe. Sous sa nouvelle apparence, le jeune homme, accessoirement accusé du meurtre de sa prétendue bien aimée, provoque de drôles de réactions, persuasif à l’excès mais aussi récepteur inattendu de tous les secrets noirs et enfouis de ses congénères. Son don, à sa malédiction, c’est selon, lui servira très vite à enquêter à sa manière sur le meurtre de son idylle, le tout dans une communauté rurale américaine qui renvoie directement aux œuvres du King en Nouvelle-Angleterre ou dans l’Oregon. L’ensemble est à la fois peu surprenant et carrément étrange, un postulat pour le moins curieux.
Alexandre Aja tourne cette fois-ci un film à tendance horrifique et non un film d’horreur à proprement parler. Aux sortir de ses adaptations de La Colline a des Yeux, de son Mirrors, des meutes de piranhas en 3D, le réalisateur met ici en scène un teen-movie noirâtre, une sorte de nouvelle expérimentale qui ne convainc finalement que très peu, en dépit des efforts consentis. La présence de Daniel Radcliffe à la tête du casting constitue pourtant une plus-value tant le film s’adresse à un public jeune, voire carrément à un public adolescent. Horns, dans le fond, est en quelque sorte le prolongement en version cinéma d’horreur des franchises à succès s’adressant au jeune public. On pourrait alors pardonner au metteur en scène son drôle de parti-pris, qui fait passer les personnages et même le démon naissant en son héros pour des archétypes de héros télévisés tous droit sortis des méandres de séries telles Angel ou Buffy. Soyons franc, jamais Horns ne provoque la peur ou l’appréhension, hormis peut-être pour ceux qui comme moi exècrent serpents.
Non, Horns c’est plutôt, dans le fond, un film Pop, une relecture culottée du mythe du diable se réincarnant en l’homme. Le malin, comme on l’aime à l’appeler, provoque ici quelques savoureuses révélations. L’attrait du film s’arrête bel et bien là. On apprécie en effet, dans un premier temps, le ton quasi comique du film, la preuve en est de cette consolation foireuse chez le médecin. Mais ensuite, lorsque vient l’heure de vraiment entrer dans le vif du sujet, les espoirs s’évanouissent et Horns vire tragiquement au n’importe quoi, notamment lors de son final impayable de niaiserie. Même Daniel Radcliffe, pourtant plutôt attachant pour l’occasion, ne parvient pas à redresser la barre. Sans compter une liberté prise par le réalisateur en rapport au romain de Joe Hill, on discerne très vite les faiblesses de cette narration, un récit ne trouvant jamais sa vocation, toujours le cul entre deux chaises, entre comédie, horreur voire même thriller.
L’esthétisme, pourtant prometteuse, passe également au second plan dès l’heure de visionnage passée. Les couleurs criardes, le véhicule vintage du héros, les costumes kitsch, tout ça se noient très vite dans une certaine forme de laisser-aller. En conclusion, voilà un film inabouti, plus ou moins farfelu et que peine à trouver sa forme d’indépendance. Certains prôneront sans doute le culot du metteur en scène, l’ingéniosité de ce mélimélo à tendance Pop, mais finalement que restera-t-il de cette curiosité dans dix ans. Absolument rien. 05/20