Alexandre Aja est le réalisateur français le plus intéressant du moment qui s'inscrit dans un cinéma de genre de façon ingénieuse et fraîche, ce que l'on a pas l'habitude de voir pour un cinéaste français. Sa carrière est majoritairement faite de remake ( La Colline a des Yeux, Mirrors, Piranha 3D ) mais il arrive toujours a apporter une vision différente à ses films, il ne livre pas de pale copie de ce qui a déjà été fait mais arrive vraiment à apporté un nouveau point de vue intéressant et pertinent aux films qu'il réadapte. Alors le voir s'attaquer à l'adaptation du très bon roman Horns de Joe Hill, fils de Stephen King, avait quelque chose d'intriguant qui promettait un film qui ne ressemble à aucun autre. C'est en partie le cas grâce à une écriture qui multiplie et mélange les genres sans véritablement de cohérence, ce qui sera à la fois la force mais aussi la principale faiblesse du film. Il ne fait aucun doute par contre que cela fait son unicité car rare son les films à faire des mélanges de genres, du moins des mélanges de genres aussi opposé car on a ici de la comédie potache, du thriller classique et psychologique, du film d'épouvante et du drame pur ainsi que du teen movie et de la romance. On aura donc un mélange éclectique mais inégal car à force de multiplier tout cela le film ne prendra pas de direction précise ce qui fait que des thèmes pourtant très intéressant ne seront que survoler au profit d'autres moins intéressant. Comme ses flashbacks à rallonge qui viennent trop souvent casser le rythme du film pour nous raconter des choses dont on se fiche un peu, surtout que ce ne sont pas les scènes les plus drôles ou les plus réussis du film. Aussi le film à trop tendance à désamorcer la tension dramatique par son humour quasi-permanent, ce qui fait que le film sera très drôle et provoquera pas mal d'éclats de rire mais qui perdra en route toute la tragédie de l'histoire ce qui fait perdre le sel du roman d'origine. Néanmoins l'écriture des dialogues est vraiment bien géré, pleins de sous entendu et de double sens ainsi que l'humour qui se montre satirique à souhait, le procédé de révélé les secrets inavouables de chacun promettait beaucoup et il est plaisant de voir que de se coté là Aja se donne à fond. De plus le film injecte parfois des pointes de noirceur bienvenu dans son film qui redore le blason du tragique de l'histoire et certaines scènes se montre vraiment poignante et le film arrive aussi à mettre un peu d'onirisme et de mysticisme ce qui donne droit à de très belles scènes. Malheureusement ses aspects ne seront pas totalement exploité mais le faite qu'il soit déjà présent au milieu du reste tiens du petit miracle car il faut reconnaître que Aja nous gratifie d'un travail de précision. Dommage par contre que l'écriture soit trop classique car elle se montre très linéaire, les rebondissements sont attendu et on n'est jamais pris par surprise dans l'enquête, le coupable est évident et le film tombe dans les facilités hollywoodiennes avec l'utilisation de la voix off ainsi que la fin très classique et cliché. D'ailleurs le film sera inégal dans son découpage avec une première partie vraiment très réussi, drôle, piquante et satirique pour tomber ensuite dans une deuxième partie plus convenu, plus sage et plus moralisatrice qui fait chuter le film dans les travers mainstreamiens et se trouve parfois même à la lisière du ridicule notamment avec le final du film. Pour ce qui est du casting, les acteurs sont tous très bons grâce à des seconds rôles solides qui jongle à la perfection entre retenu et cabotinage contrôlé surtout quand ils dévoilent leurs secrets dans des moments d'hystéries ( Heather Graham est renversante ) et le tout est dominé par un couple solaire et convaincant. Juno Temple crève l'écran à chacune de ses apparitions par la grâce de son jeu et sa beauté tandis que Daniel Radcliffe livre la meilleur performance de sa carrière. Très loin de son rôle d'Harry Potter, il prouve qu'il peut être à laisse dans tous les registres et il dévoile même une palette de jeu assez impressionnante car il passe par toute les émotions. Il prouve donc que c'est un très bon acteur qui à assez de charisme et de talent pour tenir un film sur ses épaules.
Pour ce qui est de la réalisation on à le droit à un montage intéressant mais étrange qui souligne bien l'aspect unique du film même si parfois cela entache le rythme du l'ensemble ( les flashbacks notamment ), on à parfois l'impression d'être devant une succession de sketch qui forme une histoire. La photographie est très belle tandis que la sélection musicale est de bonne facture mais tombe parfois dans la facilité avec des hits maintes fois utilisé dans d'autres films ( Where is my Mind des Pixies dans le culte Fight Club par exemple ) et que les musiques n'ont pas trop de rapport avec le film, placé Sympathy for the Devil des Rolling Stones aurait été plus judicieux surtout que c'est une musique cité à plusieurs reprise dans le roman de Joe Hill. Néanmoins les musiques reste d'excellente facture. Pour la mise en scène d' Alexandre Aja on a le droit à des mouvements de caméra ingénieux notamment avec l'ouverture du film qui fait un parallèle judicieux entre le paradis et l'enfer. L'ensemble se montre très ambitieux et même si il n'évite pas le classicisme ainsi que la gratuité ( le final sanguinolent ) cela reste parfaitement dans l'esprit de ce que Aja à l'habitude de nous offrir, un film détonant qui va parfois là ou on ne l'attend pas. Il mélange aussi les genres par sa mise en scène qui se trouve être très référentielle mais c'est ici beaucoup plus tenu que ce qui est fait par l'écriture et Aja nous gratifie même de scènes absolument superbe
( la scène des journalistes, la scène des serpents et la scène du bad trip
). En conclusion Horns est un film inégal mais globalement bon, handicapé par un mélange des genres parfois maladroit cela favorise néanmoins son aspect unique. C'est un film qui ne ressemble à rien de se qu'on à déjà vu et rien que pour cela c'est une curiosité qui mérite d'être vu. Surtout que l'ensemble se montre très drôle et que malgré une deuxième partie plus convenu et prévisible, la première partie excellente, la mise en scène inspiré de Aja ainsi que le casting irréprochable qui dévoile tout le talent de Radcliffe valent le coup d’œil. Il serait donc dommage de bouder son plaisir surtout que c'est pas tout les jours qu'un cinéaste français arrive à proposer quelque chose qui sort de la norme.