C'est la première fois que je ressors avec un jugement aussi "partagé" après avoir visionné un film de Lars von Trier - aussi je pense qu'il nécessite un grand moment de réflexion personnel une fois le générique terminé -. "Melancholia" ou la fin du monde intimiste selon von Trier, un subtil mélange entre onirisme et visions dantesques filmé au travers de personnages ésotériques. Le film s'ouvre comme il se doit; sur un magnifique prologue, filmé au ralenti ( comme se fut le cas dans "Antichrist ), esthétiquement sublime et qui emporte tout de suite le spectateur dans l'ambiance opaque de l’œuvre. La première partie centrée sur Justine ( jouée par Kirsten Dunst) est un petit peu pénible aux premiers abords ( les amateurs du cinéaste et du dogme de celui-ci ne manqueront pas de reconnaitre tout de suite la ressemblance avec le "Festen" de Vinterberg ), mais dès que l'on commence à saisir la situation et le ressenti des différents personnages présents, on est absorbé par ce mélange de sentiments, subtilement travaillé par von Trier, notamment par celui de Kirsten Dunst : Justine. Une jeune fille qui à tout pour être heureuse; un bon job, un physique ravissant, et surtout, elle se marie. Mais seulement voilà, elle ne l'est pas, elle a beau se cacher derrière des sourires forcés et des belles paroles, on sent qu'elle n'est pas sincère, mais plutôt torturée et complexe, peu à peu le mariage dérive en fiasco. L'aversion qu'elle éprouve pour son mari Michael atteint son paroxysme lors de la scène ou il l'emmène dans la chambre fin prêt à célébrer leur nuit de noces comme il en est coutume, il se fera repousser par la belle, qui n'éprouve rien d'autre que du dégout à son égard. La deuxième partie s'oriente sur la sœur de Justine : Claire ( jouée par Charlotte Gainsbourg ), et se situe chronologiquement quelques jours après le mariage. Alors que Justine est en proie à la dépression, Claire lui demande de revenir au château pour être près d'elle afin de s'en occuper. Le côté maternelle de Claire est souvent mis en avant : elle s'occupe de sa sœur prostrée comme de son fils ( le thème de l'abnégation des femmes si souvent abordé par von Trier ), peut-être est-ce une manière de se détourner de la menace qui pèse sur la terre et dont elle semble être inconsciemment ( ou non ) obsédée : Melancholia. Cette planète bleu aperçue dans le prologue, de la taille de la Lune, qui devrait logiquement frôler la Terre. Face à ses inquiétudes, son mari John, tente de la rassurer...Le film glisse lentement vers l'inéluctable, sorte de délivrance pour l'une, catastrophe pour l'autre. Les deux actrices proposent un jeu de grande qualité, de par des interprétations très justes et authentiques, touchantes jusqu'au dénouement. Lars von Trier signe encore une fois une œuvre hors du commun ( que l'on apprécie le film ou non, c'est un fait ), minimaliste, dans laquelle il offre une vision particulière et implicite de l’apocalypse, une réussite.