Immense déception que ce film !! Moi, pourtant grand fan de Lars von Trier !! Qu'est ce qui a bien pu lui prendre ?!!
Résumons : le film se constitue d'une première partie plutôt rythmée, bien dans le style typique de Lars, où l'on assiste au mariage de Kirsten Dunst. Les personnages sont mesquins, la noirceur est au rendez-vous et l'on s'amuse bien à suivre ces destins qui se croisent, même si l'on se demande où cela va nous mener.
Puis arrive une seconde partie, excessivement longue, où rien ne se passe, où les acteurs font du sur place tandis que le scénario n'avance pas. Il n'y a aucun rebondissement à partir de la fin de la première demi-heure; tout est dit - la planète Melancholia va heurter la Terre - et plus aucune surprise il n'y aura.
C'est triste de penser que Lars, capable de fournir des scénarios si riches, si émouvants et si subtils dans leur analyse des relations humaines, s'est contenté ici de livrer un caprice de réalisateur-star : il se fait plaisir à construire ses marionnettes - un tord qu'on pouvait déjà lui trouver dans Dogville - il s'amuse bien à dessiner cette société pourrie, puis il laisse tout tomber, ne finit pas son scénario et filme la même maison pendant une heure et demie. Récompensée à Cannes, Kirsten Dunst n'a rien d'exceptionnel, et Charlotte Gainsbourg est très quelconque malgré son rôle intéressant.
Bref, c'est une sorte de tarte esthétique : tout est misé sur des images plutôt travaillées, mais il n'y a pas de quoi décrocher la lune. A vrai dire, l'affiche suffit à résumer le film, de même que ce prologue vaseux où Lars dévoile toutes ses cartes, montrant les seules images vraiment intéressantes du film - ou plutôt, non : ce que le film aurait pu être s'il avait été intéressant.
C'est paradoxal donc, puisque Lars se retranche sur une sorte de "film d'image", une tarte esthétique où le scénario importe guère, alors que c'est justement ce qu'il a complètement répudié avec les précèptes du Dogme, en 1995. Le style - caméra à l'épaule - ne colle pas du tout avec l'enjeu du film. Comme si les frères Dardenne essayaient de faire un film esthétique avec leur caméra qui se balade dans tous les placards...
Ca sent la flemmardise, et c'est dommage vu le talent de Lars et le potentiel du film.