Ma note ne signifie pas grand-chose, car ce Melancholia échappe à tout critère de notation. Déjà il faut souligner que le film est coupé en deux parties distinctes, et que toutes deux sont intenses et prenantes pour des raisons différentes. On pense à Mulholland Drive, Elephant, et à pleins d'autres films d'auteurs récents ou le découpage en deux parties est utilisé pour relancer la narration, ou pour se placer d'un autre point de vue. Dans Melancholia, ces deux parties se répondent tellement que l'on a parfois l'impression qu'il s'agit d'une seule et même scène, mais vue selon deux points de vue : celui de Justine, et celui de Claire. L'idée la plus logique est que le mariage de Justine a lieu avant la deuxième partie, la partie fin du monde. Mais quelques petits indices peuvent nous faire pencher vers une interprétation contraire. Bref, arrêtons les hypothèses, et concentrons nous sur les qualités du film. Visuellement, c'est une claque à chaque instant. La prise de lumière, notamment dans la partie mariage, est admirable. Bien sûr, notre ami Lars joue à Parkinson avec sa caméra, mais c'est peut-être ce mouvement perpétuel qui donne à la première moitié toute sa force. Elle représente sans doute l'esprit mouvementé de Justine (en effet, dans la partie Claire, la caméra bouge à peine). Certains plans sont absolument sidérants (voir ceux du début) et laissent une telle empreinte en nous que l'on suit le film dans un état second, sans ressentir les longueurs (et pourtant il y en a!). Mais ce qui donne toute la force du film, c'est que cette fin du monde peut être vue de plusieurs manières. Justine est mélancolique, on peut donc penser que c'est sa planète qui vient heurter la terre, et vient contaminer Claire et son fils qui, eux, ne sont pas mélancoliques, ni dépressifs. La peur de la fin du monde se double d'un drame familial si intense que le spectateur finit par suffoquer. C'est d'ailleurs la limite du film. Von Trier nous prend clairement en otage, il nous plonge dans son esprit dépressif... Et il nous montre que les dépressifs sont les meilleurs, en quelque sorte. Puisque Justine accepte sereinement la fin du monde, alors que Claire fait tout ce qu'elle peut pour l'éviter. A la fin, Justine triomphe. J'ai donc trouvé cette fin assez ambiguë, en plus de traîner sérieusement en longueur. Melancholia est donc un film à la fois génial et détestable, mais surtout génial.