Très très bon film, Melancholia s'aborde avec beaucoup de réticence pour ma part au vu des critiques négatives dont on m'avait fait part. Et bien je suis tombé de haut, car la qualité de ce film s'observe à la seconde où il commence. Les 7 premières minutes, curieuses mais somptueuses, ont forcément dues en faire hésiter plus d'un quant à la question "j'arrête ou je continue ?". Mais il est clair qu'arrêter un tel film est franchement dommage, car il en résulterait d'une grande perte. Avis aux cinéphiles.
Melancholia se distingue comme un film tragique, on sait grâce aux premières minutes que le film se termine par la mort, dramatique, au vu de l'évolution physique et psychologique des personnages, et enfin de science fiction, par l'invention totale de cette planète "Melancholia" qui s'approche lentement mais sûrement de notre petite planète.
Nous sommes servi par des effets spéciaux incroyables, d'une beauté infinie qui se fait presque autant ressentir que quand les personnages sont en extase devant, le spectacle est vraiment sublime.
Que ce soit au tout début dans l'espace ou alors lors du plan à même la Terre, les images présentées sont uniques, et magnifiques. Il résulte de ces images une mise en scène lumineuse collant avec les couleurs et ajoutant une atmosphère pesante, à la limite de l'étouffement, chose que ressentent d'ailleurs les personnages lors du passage de la maudite planète.
Les personnages, parlons en. Tous sont brillants, juste et exploitent 100% de leur capacité pour encrer au maximum à la réalité sordide à laquelle nous faisons face. L'interprétation peu habituelle de Kirsten Dunst est royale, à la hauteur de la promesse faite par l'affiche du film. Charlotte Gainsbourg apporte beaucoup également, en totale opposition à Kirsten, jouant ici le rôle de sa soeur.
Autre observation vue à l'écran : les décors. Le choix de l'espace confiné où à lieu la fiction est juste. On assiste presque à un huit clos, mais bien plus ouvert, permettant une observation dramatique continue et grandissante. Ces décors, que ce soit l'intérieur de la maison, qui est présentée rapidement afin de nous familiariser, ou alors le jardin, immense, mais si petit face à Melancholia.
Au final le film nous est présenté comme une oeuvre d'art, presque comme une peinture à de nombreuses reprises, au début mais aussi à la fin, lors de "l'affrontement final".
La mise en scène grandiose de Lars von Trier, qui peut paraître étrange est ici exposée de façon, selon moi, à donner l'illusion au spectateur d'être présent, d'assister au film, et de fait à nous encrer, nous faire découvrir de façon familière les personnages. Aussi, certains raccords entre les images sont brutaux, presque violents et j'en déduis une volonté d'appui sur le tragique, une volonté d'appuyer sur la fatalité de plus en plus imminente, à savoir la collision entre les deux planètes.
Nous avons aussi droit à une image superbe,
celle de Kirsten Dunst nue face à Melancholia, on a ici une offrande de son corps, de son âme à la mort, en quelques sortes.
Mais finalement l'aspect le plus intéressant visuellement reste l'inversion totale des trois protagonistes principaux, Charlotte Gainsbourg, qui était la soeur raisonnable, sûre d'elle, totalement contrôlée devient la plus paniquée, agissant de façon stupide au moment où la mort est la plus proche. Justine, alias Kirsten Dunst, qui joutait, elle, absolument le contraire de sa soeur, elle était totalement libre, agissant avec stupidité au départ, mais avec justesse au final, sans réflexion de la conséquence de ses actes, à l'exemple du rapport sexuel qu'elle effectue avec le jeune le soir même de son mariage. Et enfin, Kiefer Sutherland, qui était la mari confiant, sûr de lui par rapport aux conséquences du rapprochement des planètes, totalement opposé à la mort, qui finalement se la donne lui même avant même que Melancholia ne heurte la terre, et qui plus est, il se la donne, avec les médicaments qu'avait préparé Charlotte Gainsbourg au cas ou...
De quoi méditer sur le travail du scénario, tant il est riche !
L'oeuvre complète s'avère être un petit bijou, à voir de préférence en VO, car le doublage de Kirsten est moyen en français sur ce film. Mention spéciale à cette dernière pour l'obtention de son prix, largement mérité.
Honnêtement, foncez le voir.