Le film commence par des images, pas vraiment fixes ni vraiment mouvantes. On ne les comprend pas, elles sont hors contexte. Pleines de poésie, mais follement incompréhensibles. Kirsten Dunst, la mariée triste, la mariée empêtrée dans des branches, la mariée qui dérive sur une rivière du muguet dans les mains... L’introduction de Lars Von Trier est certes sublime, mais aussi terriblement ennuyante. Soporifique même. Heureusement, la limousine est trop encombrante pour parcourir sans peine la route menant au grandiose château accueillant le repas de noces de Justine et de Michael. Le moment permet de se réveiller un peu avec une scène de vie simple et divertissante. Kirsten Dunst est magnifique. Elle resplendit en mariée tout en étant capable d’écœurer lors de ses crises. Son pauvre mari, le charmant Alexander Skarsgård accompagné pour l’occasion de son père Stellan, est touchant mais manque trop de développement pour susciter davantage d’émotions. La belle-famille composée de Charlotte Gainsbourg et de Kiefer Sutherland est, je trouve, assez détestable. Ils sont froids, avides de leur argent, de leur savoir. Bref, ils paraissent obsédés par le pouvoir qu’ils ont sur les jeunes mariés, mais aussi par leur envie de les rendre aussi ternes et formatés qu’eux. Cette réception qui se veut parfaite tourne rapidement –et heureusement- au désastre. C’est avec un plaisir un peu sadique que j’ai observé les choses tourner mal, en partie à cause des sautes d’humeur de Justine. Il n’est pas toujours évident de comprendre la raison des changements d’états d’âme de la jeune femme. Cela devient encore plus complexe les jours suivant le mariage. Sa dépression la rend antipathique, froide. La distance avec le spectateur se créée, Justine semble inaccessible. Finalement, le caractère de la jeune femme est assez cohérent, puisque les mystères qu’elle perçoit l’éloignent de sa réalité. Et puis il y a cette étoile qui se rapproche. Une magnifique planète bleue que l’on observe se rapprocher davantage d’heure en heures. Tout comme dans le très beau « Another Earth », celle-ci est captivante grâce à ses mystères, grâce au fait que rien n’est dévoilé sur son origine. John a beau l’étudier du mieux qu’il peut, il est finalement incapable de percer ses secrets. Chacun est impacté de manière différente par la peur qu’inspire la fin de la vie. Ce sont de beaux portraits humains plein de fragilités qui sont peints par Lars Von Trier. La fragilité. Est-ce pour rappeler la faiblesse et l’impuissance des hommes que le réalisateur a choisi de donner si peu de stabilité à sa caméra ? Cette dernière ne se fera discrète par des plans fixes seulement lorsque la panique cède la place à la beauté du moment. La lente introduction et la conclusion en sont les meilleurs exemples. Des instants tragiques où les protagonistes semblent surpasser leur peur pour livrer des scènes emplies d’une certaine forme de poésie. Finalement, « Melancholia » me laisse un ressentiment positif, malgré ses longueurs. Les caractères dépeints sont fascinants de par leur froideur, mais il n’y a pas que cela. J’aime particulièrement lorsque le septième art brouille subtilement les codes des genres. Une science-fiction différente et osée, je dis OUI !