Angèle et Tony est un devoir de bonne élève. A première vue, on ne trouverait rien à y redire. Et pourtant, on n'est jamais vraiment dedans. L'histoire n'a rien d'original, mais ce n'est pas un problème. N'en déplaise à Jean Gabin, ce n'est pas une histoire qui fait un bon film, mais ce qu'on en fait. Alix Delaporte a sans doute écrit, écrit encore et ré-écrit ensuite, afin de ne pas perdre la maîtrise de son premier film. Il en va de même pour la mise en scène, sobre et précise, jamais ostentatoire, n'omettant pas quelques plans de mouettes dans le ciel en guise de respiration. Ainsi, trop écrit, trop filmé, trop appliqué, Angèle et Tony, dont l'approche naturaliste semble revendiquée, se perd souvent dans des scènes qui sonnent faux tant les dialogues sont artificiels. D'où le sentiment constant d'une absence totale de spontanéité, tant de la mise en scène que du jeu. Et pourtant le jeu est bon, très bon même, l'histoire qu'on nous raconte se montre assez subtile, le parcours d'Angèle plutôt bien accompagné. Clothilde Hesme est parfaite dans ce personnage de grande fille cassée et perdue, qui doit apprendre à s'ouvrir aux autres pour les apprivoiser. De même, en taiseux souriant, fort et compréhensif, Grégory Gadebois sait imposer sa présence. Côté seconds rôles, notons le toujours impeccable (et pas assez vu au cinéma) Patrick Descamps. Après toutes ces critiques, il serait injuste de ne pas reconnaître à Angèle et Tony de nous offrir de très jolies scènes, de celles qui heureusement échappent à la rigueur et touchent à la grâce. Citons la répétition de Blanche-neige, la leçon de découpe de poisson, le trajet à vélo d'Angèle et son fils, ou encore la très jolie scène de fin. Un premier film pas réussi donc, mais pas raté, juste trop propre, pas assez libre.