En voyant le titre de ce premier long métrage d'Alix Delaporte, on peut se demander s'il faut y voir un clin d'oeil à "Plus belle la vie", la fameuse série marseillaise : Alix Delaporte y a participé en tant que scénariste, aux tout débuts de la série. "Angèle", de Pagnol, tourné près d'Allauch; "Toni" de Renoir, tourné à Martigues, tout cela sent bon le pin, le thym et le romarin. Sauf qu'"Angèle et Tony" a été tourné à Port-En-Bessin, en Normandie ! Avec ce film, Alix, qui avait obtenu là Venise le lion d'or du meilleur court-métrage en 2006, a obtenu cette fois ci le Prix Michel d'Ornano du meilleur premier film français 2010. En fait, il s'agissait d'un premier long métrage pour toute l'équipe du film : photo, montage, musique. Et ce premier film, on peut dire qu'il ne fait pas dans la facilité ! Un traitement très sec, sans pathos, sauf, un brin, à la toute fin du film. Le rôle principal : une jeune femme mal dans sa peau, faisant toujours la gueule, là aussi, ce n'est pas choisir la facilité, même si ce rôle est jouée par une actrice remarquable, Clotilde Hesme, qu'on avait adorée dans "le fils de l'épicier" et qui tient un grand rôle dans "les mystères de Lisbonne". Pas joyeuse, l'histoire d'Angèle : elle est en conditionnelle (on ne saura jamais pourquoi elle a fait de la prison, et c'est mieux comme cela), elle n'a pas vu son fils depuis 2 ans, elle aimerait le récupérer mais les grand-parents paternels ont une autre vision des choses. Le mariage pourrait l'aider. Par le jeu des petites annonces, elle fait la connaissance de Tony, un patron-pêcheur (remarquable Grégory Gadebois, de la Comédie Française). Est-elle vraiment amoureuse, cette fille revêche qui ne sourit jamais ? Le spectateur se le demande, tout comme Tony d'ailleurs, qui la trouve "trop belle pour lui" ! Une réalisation très maitrisée pour un premier long métrage. Une fois de plus, le cinéma français nous offre une belle surprise.