Je ne croyais pas beaucoup à une résurrection cinématographique de Wonder Woman en 2017 et sa petite apparition dans ‘Batman V Superman’ m’avait tout juste convaincu qu’elle ferait un sidekick décent pour des surhommes déjà bien installés dans le paysage des productions super-héroïques. Il n’y a aucune misogynie de ma part dans ce jugement, juste une méfiance justifiée vis-à-vis des productions DC : comme beaucoup de personnages de cette écurie, l’Amazone en jupette semblait beaucoup trop ringarde pour intégrer un multiverse des années 2010...quoique divers précédents Marvel et DC (Captain America, Superman,...) avaient démontré que le côté vintage de certains héros n’était pas forcément un obstacle à leur modernisation. Quant au souvenir nostalgique de Lynda Carter, nonobstant le kitsch farouche de la série culte, la magnifique Gal Gadot parvient miraculeusement à la faire oublier, tout en ayant bien davantage à offrir qu’un physique et un sourire éclatant. Quoi qu’il en soit, l’arrivée de Diana Prince dans l’univers impitoyable du blockbuster super-héroïque débute comme un péplum honorable, malgré des effets numériques trop voyants, et se poursuit comme un film de guerre relativement enthousiasmant (mais sujet aux mêmes réserves) : en pleine Première guerre mondiale, flanquée d’une escouade bigarrée, Wonder Woman doit affronter un général allemand belliciste en qui elle voit la réincarnation de sa némésis Arès. Le spectacle est tout à fait honnête : faute d’offrir les scènes d’action les plus tonitruantes ou les plus lisibles qu’on ait observées dans le créneau des adaptations de Comics, ‘Wonder woman’ retrouve un peu du charme iconique désuet des vieux sérials d’autrefois. Difficile d’évoquer un tel personnage sans parler des enjeux extra-filmiques qui gravitent autour d’elle, notamment sa stature de premier personnage féminin à tenir la vedette dans un film de super-héros. Pour être tout à fait exact, elle n’est pas tout à fait la “première�...mais la manière dont le personnage a été conçu, de même que l’ampleur des moyens dont dispose le film, sont sans commune mesure avec la fade ‘Elektra’ incarnée par Jennifer Garner en 2005 ou l’abominable ‘Catwoman’ massacrée par Pitof en 2004, qui aura même ruiné la carrière de Halle Berry. Ici, le script tente de faire évoluer Diana, figure de preux chevalier au féminin bloquée dans sa vision mythologique et naïve des choses, en une figure qui s’adapte et passe de la foi aveugle à une lecture analytique et équilibrée du monde qui l’entoure. Les autres éléments tiennent malheureusement du banal gadget dont on fait les buzz : le fait que c’est la première fois qu’un projet d’une telle envergure financière est confiée à une réalisatrice n’a aucune incidence sur le résultat: Patty Jenkins, acclamée voici plus de quinze ans pour le polar d’auteur ‘Monster’ ne fait ici que suivre docilement le cahier des charges Marvel, comme l’aurait fait, du reste, n’importe quel réalisateur masculin...et, à l’exception de quelques scènes plus ou moins drôles (Diana Prince confrontée aux moeurs sociales du début du 20ème siècle), le film ne s’aventure pas à explorer la condition féminine et repasse prudemment par les étapes obligatoires de toute genèse super-héroïque (formation, apprentissage des responsabilités, trahison/déception, etc…). Quand même, la première apparition de Wonder Woman dans son costume iconique, jaillissant d’une tranchée sous la mitraille ennemie, a ce qu’il faut pour devenir “iconique�, justement. Au final, ‘Wonder woman’ est un film de superhéros plutôt réussi mais trop générique, à rapprocher pour son atmosphère du ‘Captain America’ de Joe Johnston : il n’est donc pas interdit d’espérer que sa suite soit un peu plus relevée. A défaut d’être un chef d’oeuvre, ‘Wonder woman’ bénéficie, à l’instar de ‘Man of steel’ du meilleur traitement envisageable pour un personnage de cet acabit.