Après deux épisodes réussis, Christopher Lee enfile à nouveau la cape noire et les canines du plus célèbre des vampires pour le compte de la Hammer avec ce "Dracula et les femmes" (titre français somme toute stupide et sans rapport avec le "Dracula has risen from the grave" original). Et autant le dire tout de suite, la saga marque un vrai coup d’arrêt, essentiellement imputable à l’intrigue proposée. Certes, les productions de la Hammer ne se sont pas toujours distinguées par leur scénario mais il y avait, dans les précédent opus, des thèmes assez forts et des personnages plutôt intéressants. Ainsi, "Le Cauchemar de Dracula" jouait avec la mythologie du vampire et faisait la part belle à Van Helsing. Quant à "Dracula, Prince des ténèbres", il rendait au monstre son aura terrifiante en reprenant l’archétype du groupe perdu qui va tomber entre ses griffes. Le problème avec ce troisième opus, c’est qu’il n’a pas grand-chose à raconter et, encore moins, quelque chose de nouveau à apporter. Il semblerait que les scénaristes aient, ainsi, commencé à se reposer sur leurs lauriers et (sur)exploitant les ficelles qui ont fonctionné jusque-là, sans renouveler le genre, ni même apporter une petite plus-value. Ainsi, on retrouve les villageois terrifié à l’idée de réveiller le Comte mais sans la menace permanente que représentait son château ou la simple tombée du jour dans l’opus précédent. On retrouve, également, les habituels religieux censé s’opposer à Dracula (ici, un ecclésiastique campé par Rupert Davies), les demoiselles en détresse qui vont tomber sous sa coupe (la nunuche Veronica Carlson et l’espiègle Barbara Ewing) ainsi que l’esprit faible qui va le servir envers et contre tous (Ewan Hooper en prêtre tiraillé). Les ficelles scénaristiques sont, donc, déjà usées et les personnages sont un peu creux. Même le jeune premier incarné par Barry Andrews, qui est pourtant intéressant sur le papier avec sa franchise à toute épreuve et son athéisme surprenant pour l’époque, ne parvient pas à marquer durablement les esprits… tant le personnage manque, au final de subtilité. On ne s’étonnera pas, dès lors, que Christopher Lee survole le casting, et ce d’autant plus qu’il bénéficie d’un temps de présence à l’écran bien plus considérable et de véritables dialogues (même s’ils restent asse basiques). Bien que son interprétation soit toujours aussi atypique, un plaisir coupable s’empare de nous lorsque sa silhouette apparaît. Et il fallait bien la présence du légendaire acteur pour rendre le film encore très acceptable… surtout au vu de la mise en scène de Freddie Francis, qui a souvent de quoi laisser dubitatif. Car, outre son rythme moins travaillé et sa BO étonnement en sourdine, "Dracula et les femmes" restera l’épisode où le réalisateur a cru bon de balancer un halo de lumière rouge à l’écran lorsque la menace vampirique se fait sentir ! Outre son aspect assez ridicule, cet effet de mise en scène flingue surtout tout effet de surprise au profit d’une pseudo tension qui se serait bien mieux fait sentir avec une utilisation correcte de la musique. Il est vrai que Terence Fischer, le réalisateur star du studio Hammer a exceptionnellement laisser le siège de metteur en scène à Freddie Francis, pour des raisons de santé. Ce troisième opus est, ainsi, la preuve que Fischer était bien plus qu’un yes man de studio horrifique et qu’il possédait un véritable talent, que son successeur d’un film ne partageait visiblement pas. Dracula et les femmes n’en demeure pas moins un sympathique divertissement qui ancre, un peu plus encore, la légende de Christopher Lee qui vampirise définitivement la saga au point d'en devenir le seul intérêt et, accessoirement, l’interprète le plus connu de Dracula aux yeux du grand public (sans doute devant Bela Lugosi).