Plutôt agréable ovni de Gregg Araki, qui pose sa caméra sur Smith, jeune étudiant en Université américaine, bisexuel, et qui se trouve progressivement au centre d'une affaire de secte et de bombes nucléaires... On ne sait pas trop quelle est l'intention première du film ; on pense parfois à un éloge assumé de la libération sexuelle (homo, bi, dans tous les sens qu'on veut en fait), à un scénar immergé dans le monde étudiant du sexe et de la drogue à d'autre moments, ou bien encore à un scénario complexe, renversant toutes les oppositions initiales entre les personnages (gentils/méchants, bêtes/rusés...) dans un final à la limite de l'ubuesque ou du surréalisme. Dans tous les cas, on voit une peinture décomplexée, sûre d'elle, bigarrée, d'une société estudiantine contemporaine, qui pense à expérimenter les formes de vie bien plus que les principes ascétiques d'une maîtrise parfaite de soi selon la vertu traditionnelle et la sagesse. Ah douce post-adolescence... En tous les cas, certains ont attaqué le film en le disqualifiant comme porno gay, je trouve ça injuste ; ça tutoie l'ambiance porno, peut-être, mais pas que gay (loul)...
Frôlant les genres, croisant des univers aussi différents que celui des séries neuneu, celui encore des films d'horreur originaux et complexes tels Donnie Darko ou enfin celui des films irrationnels mais esthétiquement parfaits d'un David Lynch, Kaboom trace sa voie, étrange mais assurée, mêlant sorcières homosexuelles ultra-possessives aux surfeurs style Alerte à Malibu complètement abrutis et hétérosexuels (comme si, dans le film en tous les cas, l'un n'allait pas sans l'autre). Le scénario frise le n'importe quoi, on est comme déboussolé jusqu'à une fin en mode free et délire total (cela a au moins le mérite de se terminer mal..., enfin si on peut appeler ça une fin, parce qu'il s'agit là, avec l'accélération finale, d'une non-fin, d'une aporie, comme si le film succombait à ses propres prémisses absurdes).
Côté son, pas grand-chose, côté acteurs, pas énormément plus, faut bien admettre... Mais sans que l'on puisse vraiment parler d'intelligibilité du film, ça passe quand même plutôt bien (enfin, ça passerait mieux avec un p*** de pétard, mais enfin...). Une sorte d'épure de l'image qui colle bien avec l'intention décomplexée que tente de faire passer Araki, avec un quart de sexe, un quart d'humour, un quart d'intrigue, et un quart de déconcertation... Une sorte d'hallucination permanente, mais sacrément ancrée (et crédible) dans notre monde contemporain...
Allez, bim, 12/20.
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