Neighbor est un film assez curieux, car il commence sur des bases plutôt solides, puis se délite bizarrement, alors qu’il n’y avait semble t-il aucune raison à cela.
L’interprétation n’est pas désagréable, mais elle n’est pas non plus tonitruante. America Olivo colle assez bien au rôle et lui donne un caractère excessif et excentrique qui correspond bien à l’atmosphère du film. Maintenant elle reste juste correcte, n’arrivant curieusement pas à imposer son charisme et sa photogénie. Christian Campbell qui a l’autre rôle important du film est pour sa part un peu plat, un peu fade, et retranscrit très mal les sensations de son personnage par rapport aux douleurs qui lui sont infligées. De ce fait, autant dire que cela amenuise considérablement l’impact du film. Pour le reste, je note un casting féminin plutôt solide, avec Lauren Rooney, Sarah McCarron, qui jouent assez bien, mais un casting masculin à l’image de Campbell, assez effacé et peu intéressant.
Le scénario est mauvais. C’est dommage car il partait sur de bonnes intentions, mais passé les 40 premières minutes, le film vire au n’importe quoi. Il y a des ruptures de narration très pénibles, le film devient répétitif, ennuyant. Il manque complètement d’enjeux, il s’avère très ambitieux mais Masciantonio gère très mal son affaire ce qui donne lieu à un résultat décousu et languissant. C’est regrettable car pourtant le film débute sur les chapeaux de roue, et promet un bon film excessif et grand-guignolesque qu’il n’est finalement pas, restant sur des bases traditionnelles de torture-porn.
Visuellement Neighbor est inégal. Il bénéficie d’une mise en scène sobre mais élégante et très professionnelle. Masciantonio assure un travail précis et globalement sans bavure qui fait plaisir à voir et nous gratifie de quelques scènes enthousiasmantes, notamment lors des passages gores. La photographie est plus quelconque, mais s’intègre bien à la sobriété de la mise en scène. J’ai un petit regret par rapport à des décors trop légers, qui ne parviennent pas d’ailleurs à distiller une réelle ambiance. Les amateurs de film horrifiques violents seront ravis par Neighbor néanmoins. En effet le métrage propose quelques séquences sanglantes imaginatives, à défaut d’être très bien faites et d’être très intenses (du fait d’acteurs pas toujours au point, et d’une crédibilité discutable lorsqu’un homme par exemple, le cœur transpercé, continue de vivre !). Filmées généralement en gros plans, les tortures déconseillent le film aux gens sensibles. Du point de vue de la bande son je souligne un travail un peu trop léger pour s’avérer pleinement convaincant, mais parfois la musique s’intègre vraiment bien aux images et leur confère une dimension intéressante.
En clair, Neighbor est un film d’horreur pas mal du tout sur la forme, mais qui sur le fond rate le coche. Se voulant original et audacieux, il est au final très quelconque, sans grande surprise, longuet, et peu concluant. Si un public peu habitué au genre trouvera probablement son compte dans quelques séquences coup de poing, néanmoins un public plus aguerri sera sans doute déçu par le résultat trop banal, et pas assez maitrisé.