Je le dis tout de go, j'ai détesté le dernier film d'Aki Kaurismäki "Le Havre". Oui, je sais, il y a en ce moment dans la presse une pub pour lui, où claquent : "Un enchantement"" ou " Lumineux" ou encore "Magistral". Je sais que toute la critique française et même mondiale crie au génie, que c'est parait-il un pied de nez à la politique de Claude Guéant, que le réalisateur finlandais a réalisé un bijou d'irréalisme mais je persiste, pour moi, c'est une grosse daube.
D'abord, il y l'histoire, du genre bien pensante mais traitée façon conte : Oyez bonne gens comme la police française est méchante avec de pauvres et gentils sans-papiers. Regardez comme de pauvres français peuvent être bons alors qu'ils vivent avec trois fois rien...Il y a Marcel Marx, un gentil cireur de chaussures qui va prendre sous son aile un brave petit clandestin, aidé de ses amis la boulangère et l'épicier. La femme de Marx, Arletty, doit aller à l'hôpital pour essayer de soigner un mal vraisemblablement incurable et est donc totalement inopérationnelle dans la lutte contre Monet, le méchant policier et un voisin collabo, qui voudraient faire reconduire fissa le jeune Idrissa à la frontière qu'il n'aurait jamais du franchir.
Raconté comme ça, cela peut sembler intéressant. Et puis un film de plus pour déplorer la politique actuelle d'immigration, c'est toujours bienvenu. Seulement, ici, le traitement façon Amélie Poulain à la sauce finlandaise est dur à avaler. Je veux bien que la magie du conte nous fasse cohabiter des taxis Peugeot 403 avec des téléphones portables, que des policiers bien d'aujourd'hui se garent à côté de R16, que les épiciers présentent leurs légumes sur des carrioles à roulettes alors que les centres villes regorgent de CIC et autres Pimkie.
Ensuite, il y a les acteurs, à qui le réalisateur leur a demandé de "ne pas jouer pour acquérir une image raide et autoritaire".Ainsi, chaque fois qu'André Wilms ouvre la bouche, c'est pour proférer une sentence pompeuse sur un ton tellement faux que l'on oublie quel bon acteur il peut être. Quand apparaît Jean Pierre Léaud, on a l'impression qu'il est doublé. Peut être était-il trop juste pendant la prise et qu'au montage on a préféré lui adjoindre cette voix idiote... Mystère. Quant à Kati Outinen, elle lache ses répliques avec application, c'est phonétiquement parfait, mais on n'a pas du avoir le temps de lui donner le sens exact. L'avantage pour elle, c'est que cela lui est facile d'être au diapason avec ses partenaires, tous plus faux les uns que les autres.
Tout ça, pour moi décrédibilise totalement le propos avec, ajouté à cela, une image particulièrement laide (mais je ne doute pas qu'elle a été énormément travaillée et pensée) qui surligne le propos de manière redondante. Ils sont pauvres donc tout doit être laid, misérable et minable.
Cerise sur le gâteau, nous avons droit à une chanson live, en entier, de Little Bob Story (?!), "le Presley de ce royaume" dixit Aki Kaurismäki, car figurez-vous que ce pauvre cireur de chaussures, organise, à ces moments perdus, des concerts de rock!!
La suite sur :
http://sansconnivence.blogspot.com/2011/12/le-havre-de-aki-kaurismaki.html