Après le raz de marée historique (et disproportionnée) provoqué par "Bienvenue chez les Ch’tis", le nouveau film de Danny Boon était attendu au tournant et avait dès lors de grandes chances de décevoir. Pourtant, "Rien à déclarer" partait sur de bonnes bases avec un sujet intéressant (la fermeture des douanes en 1993 et ses conséquences) et un casting réunissant la crème des acteurs belges, le tout agrémenté d’un duo comique dont la mécanique rappelait le fameux tandem Bourvil – De Funès. Et pourtant, Dany Boon rate le coche ! Non pas que son film soit mauvais mais, avec un tel potentiel, il est difficile de se contenter du résultat obtenu. Pour commencer, la mise en scène de Dany Boon, si efficace dans son précédent film, accumule ici les maladresses (le plan sur la Terre vu de l’espace, les ridicules scènes hot, la 4L customisée façon "Taxi"…) et ne brille pas vraiment par son rythme. Le scénario ensuite tente de dissimuler la pauvreté de son histoire (les efforts d’un douanier français pour se faire accepter de son collègue belge et raciste) par de multiples sous-intrigues pas forcément très homogènes (les tentatives de Ruben pour caser sa sœur avec son collègue, les magouilles du trafiquant de drogue, les problèmes des Janus,…) et des dialogues qui sombrent trop souvent dans l’humour franchouillard entre scatologie et racisme ordinaire. Et ne parlons pas de la lourdeur du message asséné par le réalisateur dans cette scène "déchirante" où la sœur de Ruben lui explique que le racisme c’est mal. Mais le plus gros problème du film reste le traitement réservé aux personnages qui ne suscitent presque jamais la sympathie. Ainsi, le douanier belge Ruben (gros abattage de Benoît Poelvoorde) est beaucoup trop violent et con (il n’hésite pas à tirer sur les gens de dos !) pour espérer emporter l’adhésion du public. Idem pour l’étonnement patient douanier français Matthias (Dany Boon dans un rôle trop gentil) qui est beaucoup trop "sexué" (mal récurrent chez le comique) pour un film grand public. Maintenant, la déception me rend sans doute trop dur avec ce film qui n’est pas exempt de qualités, à commencer par la qualité de ses 2nds rôles puisqu’on retrouve, côté belge, François Damiens, Bouli Lanners, Jean-Luc Couchard, Olivier Gourmet, Jean-Paul Dermont ou encore Eric Godon. Côté français, j’avoue avoir été moins convaincu par les prestations attendues de Zinedine Soalem, Brun Lochet, Laurent Gamelon et autres Guy Lecluyse. Seule Karin Viard, en patronne de bar aux abois, sort du lot. On retiendra également quelques bons moments (essentiellement dus aux diatribes anti-français de Ruben et aux colères de la patronne du No Man’s land) et quelques bons mots (les trafiquants de drogues et les français qui sont souvent les mêmes, l’eau française qui a un petit goût sec…). En bref, "Rien à déclarer" est plus proche de "La Maison du bonheur" (1er film imparfait de Dany Boon) que de "Bienvenue chez les Ch’tis" qui risque de devenir un heureux accident de parcours si le réalisateur ne redresse pas très vite la barre…