Présenté en sélection au Festival de Cannes, "Habemus Papam" est reparti les mains vides. Injustice ? Sans doute en ce qui concerne le prix d'interprétation masculine : tant qu'à le décerner à un français, Michel Piccoli et Joey starr (dans Polisse) le méritaient, à mon avis, beaucoup plus que Jean Dujardin. Sinon, en tant que film de cinéma, donner la palme à "Habemus Papam" eut été, toujours à mon avis, plus justifié que de la donner à "The tree of life", mais certaines longueurs, certaines faiblesses d'"Habemus Papam" n'en faisaient pas la palme idéale. En fait, ce film est une gentille comédie sur les ors de la papauté, un film qui part très fort dans la satire. C'est aussi (surtout ?) une réflexion sympathique sur le doute, sur la peur des responsabilités, sur les regrets qu'on peut avoir vis à vis du chemin qu'on a parcouru et des rêves qu'on a malheureusement enfouis. Tout cela est bel et bon et il y a de très belles trouvailles tout au long du film. Par exemple, cette scène pendant laquelle on entend Mercedes Sosa chanter "Todo Cambia". Malheureusement, Nanni Moretti réalisateur a donné un rôle trop important à Nanni Moretti comédien et cela nous vaut des longueurs, telle cette partie de volley-ball beaucoup trop longue. Par contre, le rôle joué par Michel Piccoli est beaucoup plus intéressant : lors d'un conclave, alors que tous les cardinaux prient pour ne pas être désignés pape, ce cardinal français se retrouve élu par défaut. Après avoir accepté cette intronisation dans un premier temps, il pète les plombs, on fait venir un psy (!) (de très bonnes scènes !), puis on le fait aller chez une psy et il finit par prendre la clé des champs et par rejoindre une troupe de théâtre, lui qui a toujours rêvé de faire du théâtre. Michel Piccoli est absolument prodigieux dans ce rôle. Cela étant, cette fuite en dehors du Vatican rappelle beaucoup "Saving Grace", un excellent film de 1986, jamais sorti en France, réalisé par Robert M. Young, avec Tom Conti dans le rôle du pape. Je crois pouvoir dire que j'avais préféré "Saving Grace" à "Habemus Papam". A titre anecdotique, on notera que Nanni Moretti ne se moque dans son film que d'un seul chef d'état : ... Sarkozy ! Venant de l'Italie de Berlusconi, tout un symbole.