Dans le Paris labyrintique de 2054, une jeune scientifique, Ilona, est enlevée. Une brigade de recherche dirigée par le capitaine Caraz se lance sur sa piste, aidée par Rieslaine, la soeur d'Ilona. L'enquête mène vers les dirigeants d'un puissant trust pharmaceutique, Avalon. Expérimentation sauvage, recherche de l'immortalité, manipulations génétiques semblent au programme de cette mystérieuse entreprise...
"Renaissance" est le premier film français d'animation de ce type, avec un univers graphique en noir et blanc dans la lignée de "Sin City". Le dessin très contrasté, alternant des images low key et high key, rappelle l'univers de José Munoz (l'auteur avec Carlos Sampayo d'"Alack Sinner"). L'action se passe dans un Paris reconnaissable, sur lequel se sont greffées des constructions à la Schuiten, mélange du XIX° siècle eiffelien et d'un XXI° siècle futuriste.
Cet univers représente la plus grosse réussite du film, avec des mouvements fluides intelligemment intégrés à la narration, et des idées originales (utilisation du plancher de verre pour multiplier dans le cadre les lieux de l'action, une scène dans le noir en vision thermique, l'application de filtres gris et des effets de solarisation, l'irruption de la couleur comme dans "La liste de Schindler" pour illustrer l'univers mental d'un personnage...) Les personnages ont été animés grâce à la "motion capture", technique qui consiste à filmer des acteurs munis de capteurs pour numériser leurs mouvements. Mais là où cette technique donnait une forme d'humanité ambigue à des personnages monstrueux tels que King Kong ou Gollum, ici l'effet est inverse, et en saccadant les mouvements, elle déshumanise des personnages déjà assez vides.
Et ce sentiment de fausseté est renforcé par les voix des personnages, plus proches du doublage d'un dessin animé japonais sur la 5 de Berlusconi que de la Comédie Française, alors que la grandiloquence de certains dialogues nécessitait un jeu parfait. Mais la plus grande faiblesse du film réside dans l'intrigue. Dans "Sin City", si certaines situations étaient stéréotypées, le film était porté par une tonalité ultra-noire qui permettait d'accepter invraisemblance et exagérations. Dans "Renaissance", l'histoire est affligeante de banalité et enchaîne les clichés : le savant fou est japonais ou s'appelle Dr Muller (merci Hergé !), le dirigeant du trust est fourbe et impitoyable, le héros est marqué par un traumatisme de l'enfance...
Il m'a donc été difficile de noter le film : 9/10 pour le graphisme, 3/10 pour l'histoire. Faisons donc la moyenne, mais reste à savoir quels sont les coefficients ! Au delà de l'originalité et de la beauté du graphisme, un film, et surtout un long-métrage, vaut d'abord par la qualité de son histoire et la façon de la raconter. Dommage que les auteurs ne s'en soient pas souvenu...
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