Claire est belle, accompagnée dans son parcours par Christophe qui l'aime à la folie ainsi que deux tendres enfants. Elle est juge et perçoit un monde cruel au travers d'auditions qu'elle suit non sans intérêt. Car évidemment, il y a les petits tracas du quotidien, les maux pernicieux qui s'invitent à la façon de parasites. Et ils ne s'immiscent pas seulement dans la vie professionnelle...Toutefois Claire semble jouir du quotidien, on dirait même qu'elle danse avec la vie gracieusement, avec finesse.
Un jour, elle s'autorise d'accorder un prêt à une femme dans le besoin: 12 euros, pour une sortie scolaire à laquelle sa fille ne peut participer. Céline, la mère, se rebelle, rétorquant vivement qu'elle n'est pas là pour faire la manche. Ironie du sort, Claire juge un cas de Céline quelques jours plus tard. Aucune d'elles ne s'y attendaient. Claire se montre clémente lors du jugement, attitude peu apiécée du procureur qui entre avec elle en désaccord.
Soudain tout change : à l'issue d'une visite chez un spécialiste, elle prend connaissance d' une tumeur au cerveau. La sienne.
Claire refuse les soins, se sachant de toute manière condamnée. Elle ne dit rien non plus à qui que ce fût, pas même à son mari. Cela leur ferait trop de peine.
Non, elle savourera les jours restants au cœur de sa famille et profitera d'instants tendres et si fragiles. Sans rien changer.
Néanmoins, les premières douleurs sont particulièrement intenses, et puis, psychologiquement, pas évident de se battre (seule qui plus est) face à un destin tragique.
Elle y trouve un sens : elle va se battre pour que Céline obtienne gain de cause… cela ne se fera pas sans péripéties. J'en ai trop dit et certainement pas assez. Je désire juste que vous visionniez ce film humainement magnifique.
Je ne connais ni les affres de nausées, de l'amaigrissement, de fatigue que sont les causes du cancer et pourtant je me suis identifiée à cette femme. Cette femme qui souffre et se bat, cette femme qui a de la peine et ne donne que de joie à son entourage, constamment avec délicatesse. Cette femme qui se cache et protège les aimés de ses tourments. J'ai regardé le film d'un seul mouvement, sans inattention, car les retournements de situations y sont légion. Et cette soif de vivre, cette si jolie soif de vivre que possède Claire, la poussant à commettre toutes les imprudences pour ajouter de la vie aux jours puisqu'il ne reste que peu de jours à sa vie.
Stéphane, son collègue, très présent, l'aide beaucoup dans son parcours. Il apprend par mégarde la maladie de Claire. Ils pourraient s'effondrer, mais ces croqueurs de vie reprennent de plus belle le combat pour Céline, mais aussi pour Claire, pour la vie en somme. il y passeront du temps, et il est compté.
J'ai tout aimé dans ce film, l'amour, la vie, j'ai pleuré à l'annonce de la maladie, mais pleuré plus encore percevant Claire sourire, bien que malade, à la manière d'un ange. J'ai aimé le petits bonheurs du quotidien comme les scènes de tendresse, j'ai aimé aussi les instants dramatiques, délicatement interprétés (le casting n'y est pas pour rien : Si Vincent Lindon ainsi que Marie Gillain ont fait leurs preuves, Amandine Dewasmes joue d'une main de maître. Oui j'ai tout aimé hormis cette complicité (amour tacite?) entre Claire et Stéphane.
Après tout, n'est-il pas le seul à "savoir", le seul à faire des folies pour et avec elle? Si ce n'est de l'amour, qu'est-ce ? Il se peut que j'interprète d'une manière erronée. Cet amour platonique restera absolument tacite. . Tant mieux. Pour ma part, il m'aurait semblé plus juste qu'une certaine distance fusse choisie.
Je finirai en affirmant que vivre ses malheurs et même les plus intenses avec force, joie et humanité (ce qui ne supprime pas la douleur évidemment), c'est ma définition du courage. Une vision du monde qui souffre et pleure; mais monde qui console, guérit espère et rit. Aimer la vie, et l'aime même si...